Inspirée, Mélissa Von Vépy ?
Ambiance fin de règne ! À moitié ensevelis sous un monticule de poussière, une reine et un roi s’ennuient ferme. Ils s’occupent comme ils peuvent. Armés d’un pinceau, ils créent des formes dans le sable, mais bientôt trouvent une monture de fortune. C’est qu’avec un peu d’imagination, un aspirateur peut se transformer à l’envie pour répondre aux caprices de ses propriétaires. Complice, il peut toutefois vite devenir menaçant, voire dévorant. Ne voilà-t-il pas qu’une course-poursuite chevaleresque propulse la reine dans l’univers ! Mais qu’a-t-elle donc dans le ventre, cette créature ? Entre animal et robot, elle digère nos déchets, s’en régale et les transforme en trésors…
Audacieuse, l’artiste s’adresse pour la première fois aux petits, dans une veine comique, absurde, même ! La scène d’ouverture évoque Oh les beaux jours de Beckett. Mais pourquoi donc tant de grimaces et simagrées ? D’autant que le jeune public peut aussi être friand d’onirisme, ce à quoi Mélissa Von Vépy excelle habituellement.
Quand la science-fiction prend le pas sur la seconde partie du spectacle, on espère que le spectacle va décoller. Symbole du temps qui passe, la poussière devient élément cosmique : « Nous sommes poussière en devenir », rappelle Mélissa Von Vépy. Chouette, un peu de poésie métaphysique, tout en se hissant à hauteur d’enfant.
Chevauchée trop peu fantastique
En effet, en équilibre sur le manche de l’aspirateur, la reine, dépouillée de son costume, est alors entraînée dans les airs, comme aspirée. Hélas, ce moment de grâce est trop court. Les potentialités de cette circassienne, qui explore depuis près de 25 ans le travail aérien, sont sous-exploitées. Les rares acrobaties au sol et une chorégraphie réduite à sa portion congrue nous laissent sur notre faim.
Après les envolées lyriques de Piano Rubato, son précédent opus,cette nouvelle création ne nous met pas en état d’apesanteur. Mélissa Von Vépy serait-elle tombée au fond du sablier, avec ses personnages ? Le spectacle semble inachevé, à moins que l’artiste ait été à court d’idées. Aspirée et peu inspirée, en quelque sorte, à la surface !
Car le projet était séduisant, annoncé comme une « rêverie sensible et joyeuse sur le cycle de transformation perpétuel de la matière et du vivant, prétexte à évoquer des questionnements métaphysiques de l’enfance sur le temps qui passe, la vie et la disparition ». Dommage !
Léna Martinelli
Aspirator, Mélissa Von Vépy
Site de la Cie Happés
Conception, mise en scène : Mélissa Von Vépy
De et avec : Olivier Bovet, Mélissa Von Vépy et (en coulisses) Cédric Cambon
Scénographie : Neil Price
Accompagnement artistique : Pascale Henry
Dès 6 ans
50 min
Salle Bernard Turin – CIRC • 32000 Auch
Du 17 au 19 octobre 2025
Spectacle vu dans le cadre de Circa, festival du cirque actuel, 38e édition du 17 au 25 octobre 2025
Tournée ici :
• Le 14 novembre, La Verrerie d’Alès PNC, dans le cadre du festival Temps de Cirques
• Les 16 et 17 janvier 2026, Le Sirque PNC Nexon Nouvelle-Aquitaine
• Du 22 au 24 janvier, Théâtre d’Angoulême scène nationale
• Du 26 au 28 janvier, L’Agora PNC Boulazac
• Les 6 et 7 février, Culture Commune scène nationale du Bassin Minier du Pas-de-Calais, à Loos-en-Gohelle
• Le 10 février, Le Prato PNC Lille
• Les 6 et 7 mars, La Mégisserie, à Saint-Junien
• Du 16 au 18 avril, Points Communs nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise, à Pontoise
• En mai (dates à confirmer), La Maison des Jonglages, à Bondy
À découvrir sur Les Trois Coups :
☛ Circa 2025, annonce, par Léna Martinelli
Photos © Julie Mouton
