Remarquable prestation
Par Élise Ternat
Les Trois Coups
Le théâtre de l’Élysée a choisi d’emmener une nouvelle fois ses spectateurs dans un univers à la personnalité singulière, celui de « Bouchouka », périple peu classique, puisqu’il est ici question de suivre Myriam Boudenia dans un road-movie sans voiture.
Né d’un conte familial algérien, Bouchouka est l’histoire d’une quête. L’histoire d’une marche aventurière à la recherche de l’épine perdue. Ce conte nous entraîne dans le périple du jeune Bouchouka, héros qui se dévoile au fil des rencontres sous les traits d’un personnage finalement immoral.
En filigrane de l’histoire, s’entrecroisent des thématiques qui apparaissent comme autant de fils conducteurs de ce conte algérien. Myriam Boudenia nous confronte aux thèmes du souvenir, de l’enfance, de l’origine ou encore de la quête. L’épine est là comme symbole fort de l’entrave, mais également du manque, justifiant la nécessité de la quête.
La pièce revêt la forme du conte notamment par le biais de la voix off, qui ponctue l’histoire par des citations en référence à des auteurs de littérature classique. De même, on note la présence d’une tonalité poétique voire lyrique jusque dans la diction, dans la manière que la comédienne a de s’adresser au public, à Dieu.
La mise en scène, quant à elle, fait preuve d’une grande ingéniosité : une scénographie en apparence minimaliste, des décors faits d’objets du quotidien. Or cette nudité n’est qu’apparente puisque, très vite, les objets prennent vie jusqu’à se personnifier entre les mains de la comédienne. Un processus qui fait preuve d’une grande inventivité puisque tout n’est qu’illusion, ce que l’on pense être trivial, très vite s’anime…
On notera enfin la remarquable prestation de Myriam Boudenia, qui tire, à elle seule, toutes les ficelles de cette pièce. Elle assure à la fois l’écriture, la mise en scène, mais également l’interprétation de Bouchouka. La jeune comédienne prête ainsi son visage espiègle au héros de l’histoire ainsi qu’aux autres protagonistes. Sa performance tient, d’une part, à la vivacité du rythme qu’elle donne à la pièce et, d’autre part, à cette capacité à faire naître toute une galerie de personnages.
Ainsi, Bouchouka garde en haleine les spectateurs pendant près d’une heure, tels des enfants attentifs à une histoire qu’on leur conte. Le génie de cette pièce tient à son pouvoir d’imagination. Chaque membre du public regarde l’histoire se dérouler sous ses yeux en même temps qu’elle défile dans sa tête. La pièce a véritablement son statut de conte dans le fait qu’elle capte et sait mettre en mouvement l’imagination de chacun. ¶
Élise Ternat
Bouchouka, de Myriam Boudenia
Cie Quat’conscience • 49 bis, rue Joliot-Curie • 69001 Lyon
06 87 12 86 29 | 06 24 64 52 54
Mise en scène : Myriam Boudenia
Assistant et régie plateau : Jonathan Wable
Avec : Myriam Boudenia
Assistante à la mise en scène : Tiphaine Sintès
Création lumière : Amélie Verjat
Musique originale : Michel Alexandre et François Thollot
Visuel : Jonathan Wable
Photo : © Julia Beurq
L’Élysée • rue Basse-Combalot • 69007 Lyon
Métro / tram : Guillotière
Réservations : 04 78 58 88 25
Du 23 au 26 avril et du 30 avril au 3 mai 2008 à 19 h 30
Durée : environ 1 heure
12 € | 10 €