« Célimène et le Cardinal », de Jacques Rampal, le Cabestan à Avignon

Atrabilaire théâtreux

Par Cédric Enjalbert
Les Trois Coups

Le Cabestan, nœud de rencontres théâtrales et d’escales textuelles, propose jusqu’au 28 juillet, tous les jours à 11 heures, une croisière avec le capitaine Jacques Rampal à bord de son vaisseau amiral : « Célimène et le Cardinal ». Alors parez la grand-voile comique et larguez les amarres ! (Qui a oublié de relever l’ancre ?)

« Célimène et le Cardinal » © D.R.
« Célimène et le Cardinal » © D.R.

Avec cette comédie contemporaine primée aux molières, nous retrouvons Célimène la coquette et Alceste le misanthrope plus de vingt ans après leur première rencontre dans la pièce éponyme de Molière. Le temps a passé, Célimène est devenue mère de famille, « bourgeoise éclairée », lui cardinal et intégriste religieux.

Emmanuelle Tregnier et Jean‑Marie Sirgue évoluent sur une scène plutôt étroite, mais bien mise à profit. Le décor est celui d’un intérieur bourgeois de l’époque des Lumières : une bibliothèque, des moulures, quelques bibelots et un prie-dieu. C’est à peu près tout et c’est suffisant. En effet, si la scénographie est dépouillée, l’agencement du décor et les déplacements sont bien pensés, les entrées et sorties réussies. C’est important, car entre les deux amants l’affrontement est vif. Les passions ne sont pas éteintes et brûlent chaque parole proférée : amour, rancœur, espoir ou regret, tout y est, macéré dans vingt ans d’amertume.

Mais si le temps a passé, la langue avec : ce sont désormais les répliques et le rythme qui paraissent passés et ternes. La comédie de Jacques Rampal présente cette particularité d’être écrite en vers alexandrins. Mais le moment de bravoure littéraire s’accommode mal d’un rythme proche du ronron que l’on pouvait entendre il y trente ans à la Comédie-Française. Un rythme, il faut l’avouer, un peu assommant. Les comédiens semblaient comme fatigués et les répliques comiques perdaient de leur effet.

Peut-être n’était-ce qu’un mauvais jour, sans doute n’étais-je pas le bon public, toujours est-il que ce fut une déception, car les acteurs sont bons, la pièce aussi, mais la comédie ne prend pas.

La critique semble, je le crains, bien sévère. Ne serais-je qu’un atrabilaire théâtreux ? 

Cédric Enjalbert


Célimène et le Cardinal, de Jacques Rampal

Théâtre de la Fronde • 3 bis, place de la Mairie • 37310 Chédigny

02 47 92 50 44

06 10 21 38 62

theatre.fronde@wanadoo.fr

www.theatredelafronde.com

Mise en scène : Jean‑Marie Sirgue

Interprètes : Emmanuelle Trégnier et Jean‑Marie Sirgue

Scénographie : Jean Luneau

Costumes : Denise Schotte

Lumière : Martin Le Moal

Le Cabestan • 11, rue Collège-de-la-Croix • Avignon

04 90 86 11 74

Du 6 au 28 juillet 2007 à 11 h 45

Durée : 1 h 15

14 € | 10 €

À propos de l'auteur

Une réponse

  1. J’ai vu la pièce dans les Alpes Maritimes cet été, elle m’a infiniment déplu (le jeu des acteurs couci-couçà mais çà passait, le texte affreux : dépourvu de sens, des clins d’oeil lourdingues à l’histoire littéraire, aucune grâce, aucune pensée, le tout en vers de mirliton qui étaient une insulte à Molière et à tout le théâtre en vers…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Du coup, vous aimerez aussi...

Pour en découvrir plus
Catégories

contact@lestroiscoups.fr

 © LES TROIS COUPS

Précédent
Suivant