Entretien avec François Gabory, président du Chaînon manquant, à propos de la 25e édition

Francois Gabory © Simon Hermine

« Le Chaînon manquant, un circuit culturel équitable et solidaire »

Par Léna Martinelli
Les Trois Coups

Bilan de la 25e édition du Chaînon manquant 2016. Rencontre avec François Gabory, son président.

La 25e édition du Chaînon manquant s’achève. Premières impressions ?

Du 13 au 18 septembre, pendant six jours consécutifs, le festival a accueilli plus de 70 spectacles, diffusés dans une vingtaine de lieux à travers l’agglomération lavalloise. Une implantation d’autant mieux réussie sur le territoire que, cette année, nous avons battu des records de fréquentation, tant professionnelle que public, avec 12 000 spectateurs (11 000 en 2015), parmi lesquels environ 350 professionnels (250 en 2015) et 3 000 personnes dans les rues.

Pour ma part, j’y ai fait de belles découvertes (le Delirium du papillon et The Great Disaster), ou revu de bons spectacles (Ma foi et Je clique, donc je suis).

Ces 70 spectacles ont donné un aperçu de la création actuelle dans les sept grandes disciplines des arts vivants : le théâtre, la musique, la danse, les arts de rue, les arts du cirque, le conte et l’humour, sans oublier le spectacle jeune public. Et en effet, nous avons fait de belles découvertes.

Vous ne programmez pas que des « jeunes » compagnies. Certaines ont déjà une belle notoriété. Je pense à La Phalène.

Pour bien comprendre notre logique de fonctionnement, imaginez un entonnoir. Quotidiennement, les adhérents repèrent des spectacles sur leur territoire et ces prescripteurs remplissent cet entonnoir, notamment à travers les Régions en scène. Kevin Douvillez, le directeur artistique du festival, fait la synthèse, avec son regard et ses éventuels coups de cœur. Sa programmation est alors soumise au conseil d’administration.

Pourquoi ce festival est‑il si singulier ?

Acteur majeur de la diffusion, le Chaînon manquant est le plus gros réseau de salles pluridisciplinaires en France. En effet, la position centrale de Laval, desservie par le T.G.V., la qualité de ses équipements culturels et ses capacités d’hébergement attirent de nombreux programmateurs, responsables de services culturels, bookers. Ces derniers viennent en repérage aussi parce qu’ils gagnent du temps. Certains préfèrent venir ici, plutôt que dans le Off d’Avignon, par exemple, parce qu’une sélection a déjà été faite, à travers notre programmation.

Pour les artistes, le Chaînon manquant, c’est donc l’occasion unique d’être vu par des dizaines de professionnels. Certains repartent avec 80 dates ! En effet, les spectacles présentés intègrent, entre autres, une tournée sur le Réseau Chaînon en fonction des choix individuels des 245 adhérents. Cela représente un marché conséquent : entre 1 200 et 1 500 dates achetées par an, soit près de 1,2 million d’euros hors taxes de chiffre d’affaires. Un volume d’activité important, sur lequel nous ne percevons rien, soyons bien d’accord. Nous, nous accompagnons les artistes dans les tournées, mais nous ne contractualisons pas.

Quel impact a le festival sur l’image de la ville ?

Le festival produit d’intéressantes retombées économiques locales. Restaurateurs et hôteliers sont ravis. 700 professionnels, artistes et techniciens sont hébergés à Laval durant la semaine, dont certains chez l’habitant. Parmi eux, de nombreux bénévoles qui se mobilisent avec passion et générosité. Ça dynamise donc la ville, animée par les rencontres et le spectacle vivant. Inévitablement, cela rejaillit sur l’image de Laval.

Fédérateur, éclectique, le Chaînon manquant est en effet accueillant et convivial.

Festival ouvert au public, nous avons mis en place des actions culturelles pour accueillir tout type de public, ainsi qu’une tarification très accessible. Nous trouvons également un équilibre avec des spectacles jeune public, des spectacles de rue.

Bilan très positif, donc !

D’ailleurs, compte tenu de nos résultats, le ministère de la Culture s’intéresse de près à nos activités. Nous avons donc l’espoir d’une augmentation de financement pour élargir encore le réseau, développer le nombre d’adhérents, puisqu’il existe 1 000 salles de spectacles en France. Même si nos adhérents sont en grande majorité des lieux non conventionnés par l’État (M.J.C., structures aux statuts divers), ils représentent le poumon de la diffusion en France.

Ce serait ainsi une juste reconnaissance des valeurs essentielles défendues par le Chaînon manquant : l’accompagnement et la promotion de la jeune création pluridisciplinaire, la défense de la culture de proximité, le développement économique d’un circuit culturel équitable et solidaire. 

Propos recueillis par
Léna Martinelli


Le Chaînon manquant 2016

Du 13 au 18 septembre 2016 à Laval et Changé

Site : www.lechainon.fr

Renseignements : 02 43 49 85 11

6 € par spectacle en journée

6 € et 8 € par spectacle à partir de 20 heures

Photo : © Simon Hermine

Réservations :

  • En ligne sur le site
  • Office du tourisme • 84, avenue Robert‑Buron • 53000 Laval
    02 43 49 45 26 (du lundi au vendredi de 9 h 30 à 18 h 30, le samedi de 9 h 30 à 18 heures, le dimanche de 9 h 30 à 12 h 30)
  • Centre d’information jeunesse • place du 18‑Juin • 53000 Laval
    02 43 49 86 55 (lundi et jeudi de 13 h 30 à 18 heures, mardi, mercredi, vendredi de 10 heures à 12 heures et de 13 h 30 à 18 heures)
  • Les Ondines • place d’Elva • 53180 Changé
    02 43 53 34 42 (du lundi au samedi de 9 heures à 12 h 30 et de 14 heures à 18 heures, le samedi de 9 h 30 à 12 h 30)

Programme complet : http://lechainon.fr/wp-content/uploads/2016/06/Programme-2016-basse-def.pdf

Teaser : https://www.youtube.com/watch?v=i3y_y7Z98kc

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