Entretien avec Mourad Merzouki, qui vient de prendre la direction du centre chorégraphique national de Créteil

« La culture pour tous passe aussi par l’exigence pour tous »

Par Valentin Lagares
Les Trois Coups

C’est un danseur-chorégraphe de hip-hop dont les créations parcourent la France et le monde, qui semble poursuivre sereinement son ascension artistique. Mourad Merzouki, entre autres directeur de la Cie Käfig, a pris le 1er septembre 2009 les rênes du centre chorégraphique national (C.C.N.) de Créteil et du Val-de-Marne. Annoncé en juin dernier, cet évènement culturel est, curieusement, passé presque inaperçu.

Après la nomination de son compère hip-hop Kader Attou à la tête du C.C.N. de La Rochelle, celle de Mourad Merzouki serait-elle un signe supplémentaire d’une consécration institutionnelle du hip-hop, esthétique jadis ignorée, voire méprisée ? Attendu au tournant, comment appréhende-t-il son nouveau confort institutionnel ? Quels sont ses projets ? Qu’envisage-t-il de mettre en œuvre ? Entretien.

Votre nom ne faisait pas partie des premières candidatures à la direction du C.C.N. de Créteil ayant été annoncées. Pourquoi ?

Tout d’abord, la perche m’avait déjà été tendue lorsque les chorégraphes Dominique Hervieu et José Montalvo devaient quitter le C.C.N. de Créteil pour aller diriger celui de Roubaix. Étant sur d’autres perspectives, je n’avais alors pas saisi cette opportunité. S’agissant de cette fois-ci, il est vrai que je n’ai pas postulé dans les premiers temps de l’appel à candidatures. Et pour cause : je travaillais sur mon projet de « Pôle Pik ».

En quoi consiste ce projet ?

J’ai actionné depuis des années mon bâton de pèlerin, et tout un travail de réseau et de persuasion a été effectué pour le faire aboutir. C’est un lieu de développement de la danse et de la culture hip-hop, implanté à Bron, dans la périphérie lyonnaise. C’est un espace de travail mutualisé, dont l’absence était criante au niveau local et national. Avec ses deux studios de danse, il sera partagé par des artistes, des compagnies, issus de la mouvance hip-hop et à la recherche de croisements avec d’autres esthétiques chorégraphiques. Élaboré en lien avec le projet local de renouvellement urbain, ce nouvel équipement vise à favoriser un maximum de brassages. Alors qu’il était dans sa phase finale, c’est-à-dire au niveau des derniers travaux de construction, des partenaires ont soudainement soulevé le fait que leurs caisses étaient vides. J’ai appris au tout dernier moment que les budgets et les moyens de fonctionnement alloués ne seraient, globalement, pas à la hauteur de l’enjeu. Ces défections de dernière minute n’étaient pas, et ne sont d’ailleurs toujours pas, conformes aux ambitions culturelles et chorégraphiques que j’avais portées et défendues, entouré de mon équipe et d’acteurs locaux. Mon tort est peut-être de ne pas avoir demandé certaines garanties écrites suffisamment en amont. Peut-être ai-je trop fait confiance ?

Que répondez-vous à celles et ceux qui, à Bron ou dans les environs, vous reprochent plus ou moins de les avoir abandonnés ?

Je suis serein sur ce qui m’arrive et sur ma nouvelle situation. Et je tiens à être clair : je n’ai lâché personne. J’ai une histoire personnelle très forte avec cette ville, ce territoire et leurs habitants, sans lesquels je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. Mais à un moment donné, j’ai dû faire le constat d’un manque de soutien financier sur Pôle Pik, éloigné de l’outil de travail chorégraphique initial que je souhaitais avoir et que j’avais proposé aux partenaires institutionnels. Il m’a donc fallu prendre acte de cette situation et la comparer avec l’éventualité d’être à la tête d’un « vrai » lieu doté de moyens significatifs et d’une notoriété importante, au sein duquel je pourrai réaliser mes projets artistiques. Raison pour laquelle j’ai alors décidé de postuler à la direction du C.C.N. de Créteil.

Pour terminer sur ce point, vous avez quand même déclaré en décembre 2008 : « J’ai fait le pari de rester parce que j’ai une histoire dans cette région. J’espère que je ne vais pas le regretter ». Regrettez-vous d’avoir tenu ces propos ?

Absolument pas ! Même si je suis un peu placé entre deux eaux, entre deux chaises pourrait-on dire, je reste dans l’idée d’un lien fort avec cette ville et ce territoire. Au départ, quand j’ai commencé à réfléchir à ma candidature pour le C.C.N. de Créteil, j’avais imaginé un projet de complémentarité entre les deux espaces. Cette mutualisation que j’appelais de mes vœux était fondée sur une circulation des équipes artistiques, en nous appuyant sur le réseau tissé par ma compagnie en Rhône-Alpes. J’ai compris que ce projet n’était pas « entendable » par les partenaires institutionnels. Ils n’y voyaient qu’un cumul, alors que les discours sur les réseaux et la mutualisation des outils de production battent leur plein ! Je me suis donc résigné à construire un projet sur mesure pour le seul C.C.N. de Créteil. Une fois nommé directeur de ce lieu, il me faut assurer intelligemment une période de transition, de transmission de ce que j’ai construit à Bron avec mon équipe, la ville et les habitants. Car on ne fait pas ses cartons et on ne balaie pas du revers de la main une longue histoire avec le public, une région. Alors que le bâtiment Pôle Pik vient d’ouvrir ses portes, j’estime qu’on a gagné une première bataille. Je reste convaincu que sa transformation en centre chorégraphique national est un horizon pertinent et atteignable.

Le bref communiqué du ministère de la Culture et de la Communication annonçant votre nomination se contentait d’évoquer un projet « ouvert sur le monde et sur la pluralité des langages chorégraphiques ». Qu’est-ce qui vous a différencié de vos concurrent(e)s ?

Le projet retenu, que je souhaite faire émerger et fructifier au sein du C.C.N., est, en quelque sorte, celui dont j’avais rêvé pour Pôle Pik à Bron. Nous travaillerons beaucoup avec des compagnies et des artistes venant de l’étranger, car je souhaite donner une autre dimension, une nouvelle envergure à ce C.C.N., qui le mérite. Je veux en faire un terreau fertile, accueillant, ouvert effectivement sur le monde, mais aussi sur son territoire d’influence. Ce sera un lieu où de multiples et nouveaux mélanges culturels seront rendus possibles. Deux mots-clés seront déclinés : ouverture et rayonnement.

Quelle plus-value artistique pensez-vous apporter par rapport à ce qui a été fait auparavant ?

Malgré ma spécificité et mes propres apports, je pense plutôt m’inscrire dans la continuité du travail effectué par mes derniers prédécesseurs.

Cela s’appelle tenir des propos culturellement corrects ?

Non, pas du tout ! Si la direction du C.C.N. était passée des mains de Maguy Marin aux miennes, on aurait effectivement pu parler, à très juste titre, d’une véritable cassure esthétique. Car nos parcours et notre travail respectifs sont totalement différents, ce n’est pas un secret. À l’inverse, tel n’est pas le cas cette fois-ci. Même si nous avons nos caractéristiques, je trouve des points de convergence entre le travail de Dominique et José et le mien. Notamment cette idée de décliner le hip-hop sous diverses facettes et de le faire sortir du carcan initial où on a voulu l’enfermer pendant trop longtemps. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aurait pas de différences entre nous.

Vous venez d’évoquer Maguy Marin. Une partie du public se rebelle contre l’absence de danse dans son dernier spectacle alors que celui-ci est présenté la plupart du temps comme étant de la « danse ». Votre avis ?

Personnellement, je n’aime pas les guerres de tranchées. Je ne suis pas non plus favorable aux hurlements dans le public, car j’ai moi-même eu à en souffrir parfois à mes débuts. Même quand je n’aime pas un spectacle, je veux respecter l’œuvre et tout le travail effectué en amont. Un spectacle chorégraphique de qualité peut tout à fait être un spectacle dans lequel il n’y aurait pas forcément une histoire narrée au public, mais qui signifierait malgré tout quelque chose. En tant qu’artiste, j’essaie en ce qui me concerne de faire en sorte que ma démarche soit la plus intelligible possible. À l’inverse, j’ai tendance à penser que réciter des textes sur scène, ce n’est pas danser. En somme, je suis pour la notion de respect mutuel.

Mourad Merzouki © Michel Cavalca
Mourad Merzouki © Michel Cavalca

Des exemples concrets de ce que vous envisagez de faire au C.C.N. ?

Je pense, par exemple, à Jour de fête. Cet évènement culturel festif est organisé chaque année sous l’égide de la ville de Créteil, avec l’apport de nombreuses associations culturelles et une contribution du C.C.N. et de la Maison des arts de Créteil (M.A.C.). Dominique et José ont fait des choses positives, notamment dans les liens entre les différentes associations amenées à travailler sur cet évènement et dans la recherche d’une certaine cohérence. Il n’empêche : une nouvelle impulsion mérite d’être donnée à Jour de fête. Je souhaite, en étroite collaboration avec la Ville et mes autres partenaires, qu’un pas qualitatif soit franchi, que l’on aille plus loin dans l’exigence chorégraphique et dans le partenariat avec tous les acteurs. Car, selon moi, l’idée de culture pour tous passe aussi par l’idée d’exigence pour tous.

L’une des failles du système français actuel est l’absence d’un réel soutien apporté aux compagnies de danse amateurs et émergentes. En la matière, souhaitez-vous innover ?

On a tendance à oublier que le mot amateur veut dire « qui aime », en l’occurrence qui aime la danse. Je suis le premier à constater que, sur le terrain, la créativité est foisonnante. Malgré le fait que cela se fasse parfois avec des bouts de ficelle, des choses formidables se passent dans le milieu chorégraphique émergent. À mon sens, le C.C.N. doit être un lieu où le public amateur et les compagnies de danse émergentes puissent y trouver de la matière pour renforcer leur rapport à l’écriture chorégraphique ou passer un cap en termes de visibilité. J’ai la ferme volonté de travailler sur la relation entre le milieu professionnel et le milieu chorégraphique amateur.

Comment vous y prendrez-vous ?

En innovant dans un partenariat renforcé entre la M.A.C., la Biennale de danse du Val-de-Marne, le C.C.N., l’État et les collectivités territoriales concernées. Tout le monde sait qu’il y a un besoin criant dans le fait de mettre davantage le pied à l’étrier aux compagnies chorégraphiques n’ayant pas encore les reins solides d’un point de vue administratif ou financier, mais néanmoins bourrées de talent. En s’y mettant tous ensemble, on doit pouvoir parvenir à déverrouiller un peu les choses. Il s’agira, par exemple, de proposer un accueil-studio sur la durée, d’accompagner telle ou telle compagnie sur toute une saison, de proposer un temps de visibilité renforcée, un temps fort grâce auquel leur travail serait enfin présenté de façon qualitative. Appliqué au hip-hop, c’est exactement le sens du festival Karavel, dont je suis à l’origine. Je souhaite continuer sur cette méthodologie en la déclinant au sein du C.C.N.

Quel sera le profil des compagnies sélectionnées puis soutenues par le C.C.N. ?

Je suis résolument ouvert et j’entends le rester. Le contraire serait étonnant et incompréhensible, voire choquant et critiquable, de la part de quelqu’un comme moi qui s’adonne à un art venant de la rue et qui a été amené, je tiens à le rappeler, à lutter contre certains préjugés intolérables. Cela veut dire qu’il n’y aura pas d’exclusive sur les esthétiques que nous serons amenés à accueillir.

Serez-vous, par exemple, ouvert aux esthétiques chorégraphiques orientales qualitatives, quasiment absentes des circuits d’aide et de programmation ?

Je dois moi-même avouer ne pas trop connaître ce créneau chorégraphique. Prétendre le contraire ne serait pas honnête. Mais je ne vois pas de raisons objectives qu’il ne recèle pas des talents méritant d’être soutenus.

Certaines de ces compagnies s’estiment faire l’objet de discrimination…

Qu’elles aient tort ou raison, personnellement, je peux entendre leur ressenti. Peut-être cette situation s’explique-t-elle par une relative méconnaissance ou incompréhension institutionnelle vis-à-vis de certaines esthétiques ? Dans ce cas, le rôle d’un C.C.N. comme celui de Créteil n’est-il pas, justement, d’œuvrer pour que certaines frontières, subtiles car non dites, soient amoindries, voire abolies ? Il me semble ! Comme pour les autres esthétiques, le tout est d’avoir des propositions intéressantes, bien construites et pouvant apparaître comme méritant d’être épaulées. J’ai toujours éprouvé le besoin de m’ouvrir aux autres, ce qui m’a permis d’alimenter mes propres réflexions chorégraphiques et le travail qui a pu en découler. Je conserve cette vision des choses.

Vous avez une parenté chorégraphique évidente avec Kader Attou. Envisagez-vous des synergies entre vos deux C.C.N. ?

L’idée que soient créées, à un moment donné, des passerelles novatrices et inédites entre le C.C.N. de Créteil et celui de La Rochelle a effectivement émergé. Cette perspective de voie commune que nous pourrions tracer ensemble reste à affiner pour voir sur quelles choses concrètes cela pourrait déboucher. Dans tous les cas, l’envie artistique est belle et bien présente.

Qu’on le veuille ou non, le milieu de la danse ne reste-t-il pas cloisonné ? Aurez-vous les coudées franches ?

De manière générale, sans marge de manœuvre possible, jamais je n’aurais postulé au poste de directeur, ni accepté ensuite la direction du C.C.N. Ce qui ne veut pas dire pour autant que cette marge serait extensible à l’infini. Chacun des C.C.N. est soumis à diverses obligations institutionnelles, à un cadre précis. Celui de Créteil n’échappe pas à la règle. À moi de résoudre au mieux la quadrature du cercle chorégraphique !

À vos côtés, la chorégraphe Blanca Li, forte personnalité du milieu de la danse contemporaine, a été nommée « artiste associée ». Comment allez-vous vous répartir les tâches et les domaines de compétence ?

C’est une excellente question ! Cette réalité est inconfortable aussi bien pour l’un que pour l’autre. Mais il nous faut faire avec. Ce que je peux dire pour l’instant, c’est que j’ai reçu des assurances fermes sur le fait que c’est bien moi le directeur du C.C.N. et personne d’autre. Il faudra cependant trouver une place à Blanca Li, inventer quelque chose où tout le monde puisse s’y retrouver. Si le cadre de travail est clairement défini dès le départ, il n’y a pas de raisons que les choses ne se fassent pas en bonne intelligence et surtout, j’insiste, en cohérence avec le projet pour lequel ma candidature a été acceptée par les différentes tutelles. En l’état, ce cadre n’est pas encore établi. Nous y travaillons, et j’espère que nous aboutirons le plus rapidement possible.

Dans le livre Panorama de la danse contemporaine de notre consœur Rosita Boisseau, vous vous montrez réservé sur la non-danse. Vous n’aimez pas ?

À ce jour, je n’ai toujours pas compris de quoi il s’agit ! J’ai pourtant essayé d’être réceptif, notamment en me documentant, en multipliant les contacts, en allant voir des spectacles, en tentant de percevoir les démarches de ces artistes qui prétendent danser tout en ne dansant pas, ne pas danser tout en dansant. Mais le constat est là : je n’y adhère absolument pas ! Pour moi, la danse implique l’existence de rythmes, de corps en mouvement, de musicalités corporelles. Ceci explique peut-être cela.

Des compagnies de hip-hop semblent chercher à se « contemporaniser » en s’éloignant de la virtuosité originelle de cette danse. Qu’en pensez-vous ?

Le hip-hop n’est pas une matière figée dans je ne sais quel marbre. Je peux donc comprendre que, à un moment donné, des artistes hip-hop cherchent à ouvrir des voies chorégraphiques qui n’auraient pas été explorées par leurs prédécesseurs. Au final, on en tire tous des choses positives. Cela a donc le mérite d’exister.

Ces artistes ne chercheraient-ils pas à être dans l’air du temps, celui d’une certaine danse contemporaine ?

À chacun de se faire son opinion.

Les Rencontres de la Villette vont s’arrêter. Leur directeur est d’ailleurs parti et vient de prendre la direction de la Maison des métallos (Paris). Qu’en pense l’artiste hip-hop ?

Dans ces Rencontres, il y a eu de l’audace et une prise de risques de la part des programmateurs afin de donner leur chance à de jeunes compagnies de hip-hop, leur permettre de se confronter à la critique du public et à celle des professionnels. Une telle manifestation drainait un public jeune qui y trouvait l’occasion de sortir de son quotidien en allant voir de la danse. Stopper cette dynamique chorégraphique est fortement regrettable. C’est un peu se tirer une balle dans le pied. Je le déplore.

Considérez-vous votre nomination au C.C.N. comme un must personnel ou comme une étape, parmi d’autres, dans votre parcours artistique ?

C’est une nouvelle étape, mais une étape majeure. Le tout est de ne pas être dans la redite chorégraphique, ne pas rester sur des acquis, ne jamais se laisser enfermer entre quatre murs à se regarder le nombril, ne pas se créer un nuage sur lequel on penserait pouvoir dormir ou ronronner. Il n’y aurait rien de plus destructeur pour le chorégraphe que je reste et pour ma compagnie.

Comment envisagez-vous vos créations hip-hop à venir ?

J’espère très sincèrement que je ne perdrai jamais ce qui m’anime depuis mes débuts. À savoir conserver le lien avec le travail de rue, rester dans le respect du public qui nous suit chaque année avec toujours plus d’intérêt et de fidélité, persévérer dans la justesse et l’intelligibilité chorégraphiques.

Lors de son arrivée au C.C.N. de La Rochelle, Kader Attou a marqué le coup par le biais d’une grande fête. Ferez-vous de même ?

Si je peux, je le ferai volontiers. Mais je ne suis pas sûr du fait que cela se fera ni quelle forme cela pourrait prendre. Pour l’instant, ma priorité est plutôt d’avancer sur mes premiers dossiers. Bien que très réjouissante, la tâche est ardue à certains égards ! 

Recueilli par
Valentin Lagares


Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne

chez la Maison des arts • place Salvador-Allende • 94000 Créteil

Tél. 01 56 71 13 20 | télécopie 01 56 71 13 22

Courriel : contact@C.C.N.creteil.com

Site : www.C.C.N.creteil.com

Cie Käfig • Ménival-les-Gravières • tour no 7 • 69800 Saint-Priest

Tél. 04 78 21 48 74 | télécopie 04 78 21 90 69

Courriel : compagnie@kafig.com

Site : www.kafig.com

Photos : © Michel Cavalca

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