Trop court de cirque ?
Par Laura Plas
Les Trois Coups
Court spectacle de cirque, « Hektor », le nouvel opus d’Olivier Meyrou présenté dans le cadre du festival Des(Illusions) au Monfort exploite les ressources de l’acrobatie au service du burlesque (ou l’inverse). Sympathique, mais un peu court justement.
Chaplin, Keaton, Stan Laurel : ces grands noms du cinéma burlesque sont aussi des enfants de la balle. Quoi de plus naturel alors que mettre en piste le cinéma burlesque qui a fait leur célébrité ? C’est ce que semble proposer précisément Hektor avec une sorte de « court de cirque ». Ce spectacle de trente petites minutes met, de fait, en scène un personnage de vagabond à la Charlot confronté à un monde plein de surprises et de pièges comiques : Hektor. Pas un mot n’est prononcé, mais une bande son rythme la pièce et raconte l’histoire avec des effets de mickey mousing propre à ce genre cinématographique : tantôt une musique endiablée illustre une course poursuite éperdue, tantôt des sons suggèrent l’attaque d’un roquet furieux, ou d’une tempête, par exemple.
Cependant, là où le cinéma burlesque met plutôt en scène des citadins aux prises avec des objets, Hektor oppose le personnage à des éléments naturels. L’objet est, par ailleurs, globalement un secours, voire un prolongement de l’acrobate. Il en résulte quelques jolis moments de métamorphoses avec la partenaire de Matias Pilet : une tente vert-pomme ! Cette dernière frémit, résiste ou devient animal et pourrait bien surprendre gentiment les spectateurs. C’est une idée originale et on aimerait suivre encore cet Hektor campeur, comme on a pu admirer des Charlot soldat, garçon de café ou dentiste.
Rien ne sert de courir…
Mais c’est un peu comme si, par peur de nous ennuyer, Matias Pilet et Olivier Meyrou nous offraient un feu d’artifice de situations comiques sans prendre le temps de les étirer, de jouer davantage sur le rythme si important dans le domaine burlesque. Paradoxalement, alors même qu’Hektor nous propose un personnage et une historiette, nous pouvons dès lors avoir l’impression de retrouver le numéro ou le sketch du cirque traditionnel. Hektor court dans son rêve, ou dans son errance, mais il court aussi d’une idée à l’autre.
Le spectacle vient de naître ; il promet. Il semble simplement qu’il ait besoin de trouver encore son chemin. Matias Pilet est un acrobate talentueux et l’on pressent qu’il pourrait prêter son corps et son sourire à un joli personnage d’ingénu désarmant. Peut-être faut-il simplement le mettre mieux en lumière (au sens propre), retravailler une bande son très cut qui ne permet pas vraiment de le suivre et nous laisser le temps d’entrer dans sa fantaisie ? On avait adoré Acrobate. On attend avec impatience qu’Hektor grandisse. ¶
Laura Plas
Hektor, d’Olivier Meyrou
Mise en scène : Olivier Meyrou
Avec : Matias Pilet
Durée : 35 minutes
Tout public
Photo : © Luis Conde
Espace chapiteau du Monfort • Parc Georges Brassens, 106, rue Brancion • 75015 Paris
Dans le cadre du festival (Des)Illusions
Du 8 au 18 mars 2018, les jeudis 8 et 15 mars et vendredi 9 et 16 mars à 19 heures, les samedis 10 et 17 mars à 16 heures, et les dimanches 11 et 18 mars à 15 heures
De 8 € à 18 €
Réservations : 01 56 08 33 88
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