« J.C. », de  Juliette Navis, Théâtre du Train Bleu, le Off d’Avignon

© DR

Livre rouge et ceinture noire au Train bleu

Par Cédric Enjalbert
Les Trois Coups 
 
Mixez Jean-Claude van Damme, Carl Jung et un économiste belge : voici « J.C. », un spectacle baroque et sportif qui explore notre rapport à l’argent, à voir parmi l’excellente programmation du théâtre du Train bleu. 

Dire de la philosophie qu’elle est un sport de combat est en général abusif. Pas avec J.C. Lui pense avec les pieds, littéralement : un concept, un kick. Car il y a du van Damme dans ce J.C., et du Christ aussi. Imaginez un spécialiste des arts martiaux, versé en économie qui adopte les théories de Jung comme clé de compréhension du monde, et qui prend sur lui de sauver l’humanité. Rien de moins.

Il va lui falloir retrouver la déesse mère en plongeant dans les abysses de l’inconscient collectif, faire s’effondrer le patriarcat et réformer l’intégralité du système monétaire. Sous des dehors foutraques, le spectacle repose toutefois sur une véritable assise théorique. L’inspirateur de cette chimère, née du cerveau de la metteuse en scène Juliette Navis et du comédien Douglas Grauwels, est Bernard Lietaer, l’auteur d’Au cœur de la Monnaie, un banquier lecteur de Jung – ce fameux psychiatre Suisse, connu pour son Livre rouge, inventeur de la notion d’inconscient collectif. Pour Bernard Lietaer, et donc pour J.C., tout l’enjeu consiste à réviser nos archétypes primordiaux afin de transformer en profondeur notre rapport à l’argent et défaire notre besoin de thésauriser.

Quoique laisse penser la syntaxe vandamienne dont se moquent les plaisantins, J.C. pose une véritable question : pourquoi sommes-nous incapable de changer de modèle économique, et notamment d’échapper à la « monoculture monétaire », qui serait la source de nos maux ? Une interrogation que partage Maxime Grauwels, son interprète. Il se dépense sans compter sur un ring étroit, éclairé de quelques lampes, car il n’a qu’une heure pour répondre à cette question et mener à bien sa mission capitale.

Dans ce laps ce temps, il parvient à tenir l’équilibre précaire qui le situe à bonne distance de son sujet et de son personnage, dont il ne force pas le ridicule. Au contraire, il en déploie les contradictions avec sympathie, démontrant toute l’étendue de son jeu. Il oblige à rester parfaitement attentif pour tenter de suivre la logique sinueuse de sa pensée, sans le pouvoir complètement. Ce qu’on appelle être « aware » 

Cédric Enjalbert


J.C.,de Juliette Navis, librement inspiré d’Au coeur de la Monnaie, de Bernard Lietaer

Compagnie Regen Mensen

Mise en scène : Juliette Navis

Avec : Douglas Grauwels

Chorégraphie sportive : Elik Niv

Lumière et scénographie : Arnaud Troalic

Écriture plateau : Juliette Navis et Douglas Grauwels

Durée : 1 heure

Le Train Bleu • 40, rue Paul Saïn • 84000 Avignon

Du 5 au 24  juillet  2019 à  22  h  20

Dans le cadre du Off d’Avignon

Réservations :  04 90 82 39 06

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