« le Cabaret extraordinaire », Café de la danse à Paris

« le Cabaret extraordinaire » © Stella K

Du merveilleux, des plumes et des paillettes !

Par Lise Facchin
Les Trois Coups

Au très parisien Café de la danse, sis au détour d’un passage aux pavés bosselés, une soirée de fous a emporté une assemblée avide dans les confins du merveilleux. On en voudrait tous les jours…

« Placement libre » rime avec « amas devant les portes » vingt minutes avant l’ouverture… Oui, mais déjà, l’enthousiasme pépie dans la file. La soirée s’annonce bien : mélange des âges, des genres, des réseaux… Pour aller assister à cette représentation du Cabaret extraordinaire, chacun à sa raison. Certains suivent tel ou tel artiste depuis longtemps, d’autres ont travaillé avec l’un, vu le spectacle de l’autre… S’en dégage une belle attente, curieuse et chaleureuse, où les cercles se croisent, où des « Oh ! Bonjour ! » jaillissent de temps à autre. Tout un petit monde.

Et puis on entre. S’installer devant le rideau bleu à paillettes, c’est déjà inhaler des bribes de merveilleux : malgré l’assistance qui circule malaisément dans les escaliers, les recherches de places restées libres, et les éclats de voix, c’est déjà l’enfance du spectacle, c’est déjà la scène qui murmure l’extraordinaire à venir. On n’est plus vraiment adulte, on est suspendu, on patiente avec une pluie d’étoiles au fond des yeux que les tréteaux s’embrasent. C’est à cet endroit précis que j’ai envie de me taire pour ne pas lever les voiles d’un spectacle où la surprise a tant de saveur. Mais il faut bien faire son métier… Tâchons au moins de ne point trop en dire.

Attention, ça va commencer !

Le rideau se lève sur Maria Dolorès, maîtresse de cérémonie improbable, incroyable, à hurler de rire et à damner tout cuit d’un coup de hanche la calotte la plus raide. Flanquée de son Jean‑Jacques à tout faire, elle est le fil de soie noire de la soirée, tendue entre des artistes aussi profondément différents qu’ils sont talentueux et rares. Alors, oui, évidemment, chacun aura ses préférences dans les mondes qui se déchaînent pendant plus de deux heures sur scène ; chacun entendra des échos, attrapera les paillettes qui lui conviennent… mais quel déferlement ! On passe avec fluidité de la chanson jusqu’au cirque en passant par le mime et le slam… Un défi joliment relevé par Armelle Hédin, metteur en scène et productrice du spectacle.

On rit, beaucoup. Avec les folies inénarrables de Maria Dolorès et de Jean‑Jacques d’abord, puis avec les Sea Girls, bien sûr, emplumées, déjantées, animées d’une énergie intarissable. Ces femmes-là semblent capables de danser et de chanter sans vaciller jusqu’à la fin des temps, après avoir occis le public à coup d’humour acide et pétillant. Viennent encore Immo, le jongleur-saxophoniste-monocycliste fou ; les Paraconteurs, duo de mimes-clowns ; et le Grandiloquent Moustache Poésie Club.

Il y a, plus sombre et palpitant, le trio des enchantements : Fred Parker (piano), Anne Lepape la magnifique (violon) et Yanoswki [et ici]. Trois chansons, trois couleurs du monde, effroi, frisson, joie sardonique, oscillant avec une gourmandise toute palpable entre un dix‑neuvième encanaillé et le tranchant esthétique d’un réalisme allemand, grimé de délicatesses rabelaisiennes. Ce cabaret, c’est aussi l’émerveillement du cirque, avec Thomas Trichet à la roue Cyr, moderne, impressionnant, gracieux ; et Caroline Siméon au trapèze-ruban.

Pour le dire abruptement, on en prend plein la vue. Allais‑je écrire « plein la vie » ? Par les temps qui courent, moroses, impuissants, où les sourires ont l’écho morne d’une coulée d’humidité sur un mur de cave, l’imaginaire, le rêve, le rire et la beauté sont des lucioles, des trouées où l’énergie d’être nous revient. Nous avons, tous, besoin de cela. 

Lise Facchin

Lire aussi l’entretien avec Armelle Hédin.


Café de la danse • 5, passage Louis-Philippe • 75011 Paris

Métro : Bastille

Tarifs : normal 26,4 € / réduit 15,8 € / groupe 20 euros (à partir de 10 personnes)

http://www.cafedeladanse.com/le-cabaret-extraordinaire-2/#sthash.wnkF6jnX.dpuf

Photos : Stella K.

Tournée :

  • Le 26 janvier 2016 au Palais des congrès du Mans
  • Le 29 janvier 2016 aux Fuseaux, à Saint-Diziers
  • Le 2 et le 3 février 2016 au Café de la danse, à Paris
  • Le 27 février 2016 au centre culturel Marx-Dormoy, à Grand-Quévilly
  • Le 4 avril 2016 à l’espace 93 – Victor-Hugo, à Clichy-sous-Bois
  • Le 9 avril 2016 au centre culturel Pompidou, à Vincennes
  • Le 15 avril 2016 au Palais des festivals-Théâtre Debussy, à Cannes
  • Le 26 avril 2016 à l’Embarcadère, à Saint-Sébastien-sur-Loire

http://www.avrilenseptembre.fr/

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