« le Jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux, Théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris

« le Jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux © Pascal Victor

Un marivaudage
rafraîchissant ! 

Par Bénédicte Fantin
Les Trois Coups

Après « le Bourgeois gentilhomme » et « les Femmes savantes », Catherine Hiegel s’attelle à la mise en scène d’un autre classique du répertoire, au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Là encore, il y a du beau monde en renfort ! De quoi dynamiser le classicisme de la mise en scène.

La façade d’un hôtel particulier baigné par une belle lumière estivale et la musique d’époque nous plongent dans une atmosphère bourgeoise. Rien ne laisse présager la comédie carnavalesque à venir. Promis l’un à l’autre, Silvia et Dorante ont, sans le savoir, recours au même stratagème : endosser les habits du serviteur pour mieux juger de la qualité du maître. Les deux promis et leurs valets sont pris au piège de cette grande mascarade sociale, sous le regard complice du père et du frère de Silvia.

« le Jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux © Pascal Victor
« le Jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux © Pascal Victor

La scénographie tout en profondeur permet de jouer entre l’avant et le fond de scène. Les confidences ne sont ici jamais à l’abri d’une oreille baladeuse, et cette double énonciation fait du public un complice amusé. Animés par la peur d’être démasqués, les personnages nourrissent un sentiment d’urgence permanent, accentué par le rythme effréné des entrées et des sorties. L’énergie des comédiens, toujours sur la brèche, est au service de cette mise en scène survoltée.

Un duo comique efficace

La qualité de la distribution fait entendre à la perfection la langue de Marivaux. Clotilde Hesme brille dans le rôle de Silvia : l’intelligence de son jeu parvient à rendre touchant et drôle un personnage somme toute assez orgueilleux. Laure Calamy et Vincent Dedienne, dans les rôles de Lisette et Arlequin, apportent quant à eux le grain de folie nécessaire à cette mise en scène bien rodée. On lit sur leur visage le plaisir (pas vraiment coupable) du valet jouant le rôle du maître. Les scènes de séduction sont l’occasion d’un festival de minauderies hilarantes de Laure Calamy. Et le duo comique marque les esprits en clôturant la pièce par une scène jubilatoire.

Catherine Hiegel trouve une fois encore le juste dosage entre classicisme et modernité. Nul doute que le choix judicieux de la distribution poussera les spectateurs à découvrir ou redécouvrir ce classique. 

Bénédicte Fantin


le Jeu de l’amour et du hasard, de Marivaux

Mise en scène : Catherine Hiegel

Avec : Laure Calamy, Vincent Dedienne, Clotilde Hesme, Nicolas Maury, Alain Pralon, Cyrille Thouvenin

Assistante à la mise en scène : Marie-Edith Roussillon

Décors : Goury

Costumes : Renato Blanchi

Lumières : Dominique Borrini

Durée : 2 heures

Teaser vidéo

Photo : © Pascal Victor

Théâtre de la Porte-Saint-Martin • 18, boulevard Saint-Martin • 75010 Paris

À partir du 16 janvier 2018, du mardi au vendredi à 20 heures, le samedi à 17 heures et 20 h 30, le dimanche à 16 heures

De 13 € à 30 €

Réservations : 01 42 08 00 32


À découvrir sur Les Trois Coups :

☛ le Retour au désert, de Bernard‑Marie Koltès par Trina Mounier

À propos de l'auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Du coup, vous aimerez aussi...

Pour en découvrir plus
Catégories