Martinez, Larmet
et Texier : un bonheur mélodieux
Par Benjamin Janlouis
Les Trois Coups
Depuis près de quinze ans, la compagnie Art’Comedia défend la comédie musicale. Son spectacle de Noël s’inscrit tout naturellement dans ce sillage.
Les Mélodies du bonheur, c’est un concert, ou si l’on préfère un récital, qui repose sur une anthologie de chansons tirées de comédies musicales des années 1980 à 2000. Starmania s’y taille la part du lion dans les spectacles français, mais le répertoire puise largement dans le domaine anglo-saxon. Trois interprètes se partagent la scène du Théâtre de Bécherel (Ille-et-Vilaine) : Véronique Martinez (chanteuse et comédienne), Bertrand Larmet (pianiste, chanteur et comédien) et Sylvain Texier (batteur).
Le spectacle s’ouvre par Ma vie (Plamondon / Diane Dufresne), un des grands succès de la chanteuse québécoise. Dès les premières notes, on est saisi par la présence du piano (un piano à queue, dans ce petit théâtre, c’est rare) et par la profondeur qu’il donne au jeu de Bertrand Larmet. C’est vraiment une autre dimension. L’équilibre est parfait avec la batterie, présente sans être indiscrète. Mais l’émotion vient de l’interprétation tout en nuances de cette chanson par Véronique Martinez. C’est vraiment son registre, et elle y excelle. On s’en rendra compte une nouvelle fois dans les Adieux d’un sex-symbol (Starmania, Plamondon / Berger, 1979) ou le Rêve de Stella Spotlight (ibidem) où elle se montre très expressive. Le Prologue de la Petite Boutique des horreurs (Howard Ashman et Alan Menke, 1982, version française d’Alain Marcel) confirmera ces qualités en y mêlant un subtil humour au second degré.
De l’élégance, du rythme et de l’émotion
Le duo Véronique Martinez et Bertand Larmet interprète avec beaucoup d’élégance le lamento d’une diva du cinéma muet délaissée par le parlant dans As If We Never Said Goodbye, la chanson interprétée par Glenn Close dans Sunset Boulevard (Don Black / Webber, 1993). C’est au contraire l’énergie et le rythme qui sont la marque des deux chanteurs dans Ego Trip, interprété par Étienne Chicot et Diane Dufresne dans Starmania. On retrouvera ce morceau en deuxième rappel : toujours avec la même pêche ! Sylvain Texier donne toute sa mesure dans cette pièce endiablée. Il s’illustrera aussi par une ponctuation pleine de justesse et de délicatesse dans Mr and Mrs Smith (Marc Shaiman et Scott Wittman), un extrait de Smash (2012).
On notera la superbe introduction de If I Loved You (Rodgers / Hammerstein, Carousel, 1956) : Bertrand Larmet y démontre de vraies capacités de crooner. Un beau moment d’émotion clôt ce concert avec I Got Love (Udell / Gary Geld, Purlie, 1970) : joli bouquet final pour Véronique Martinez. Mais le dernier mot reviendra à un gospel chanté avec beaucoup de cœur par la même interprète en premier rappel, Say a Prayer (Joe Di Pietro / David Bryan, Memphis, 2005).
Ces Mélodies du bonheur, bien de circonstance en cette période qui précède les fêtes de fin d’année, ont en tout cas réjoui les spectateurs qui avaient rempli le Théâtre de Bécherel. Les comédiens chanteurs et le batteur qui les accompagnait ont une nouvelle fois démontré le savoir-faire en matière de comédie musicale et le talent des artistes d’Art’Comedia. ¶
Benjamin Janlouis
les Mélodies du bonheur, par Art’Comedia
Art’Comedia, compagnie en résidence, Théâtre de Bécherel • 7, chemin de la Roncette • 35190 Bécherel
02 99 66 71 48
Site : www.artcomedia.fr
Courriel : theatredebecherel@wanadoo.fr
Avec : Véronique Martinez (chant), Bertrand Larmet (piano, chant et présentation) et Sylvain Texier (percussions)
Lumières et son : Thomas Bloyet
Photo de Véronique Martinez : © Alain Épaillard
Production : Stéphanie Piolti pour Art’Comedia
Théâtre de Bécherel • 7, chemin de la Roncette • 35190 Bécherel
Le 20 décembre 2014 à 20 h 30
Durée : 55 min
6 €