Si l’Iran m’était conté…
Par Bénédicte Fantin
Les Trois Coups
Inspiré par son propre récit familial, le texte d’Aïda Asgharzadeh propose un va et vient spatio-temporel entre l’Iran des années 70 et la France de la fin des années 90. La mise en scène efficace de Régis Vallée se charge de dynamiser cette fresque à la fois intime et universelle.
« Qu’importe le réel ou la fable, l’important est l’émotion que nous vivons ensemble. » Dès l’ouverture de la pièce, le pacte est scellé entre l’acteur-conteur Azize Kabouche et le public. Ici, la grande histoire se mêlera au récit intime fictionnalisé. La construction de la pièce confirme ce pacte : nous suivons successivement le récit épique de quatre universitaires dans l’Iran des années 70, de la chute du Shah à l’arrivée au pouvoir du régime islamique, et, l’histoire a priori plus intimiste de deux sœurs parties célébrer le passage à l’an 2000 à Avoriaz avec leur mère et son prétendant. Sans grande surprise, les deux fils narratifs vont finir par s’entremêler et retisser ainsi le récit familial.
L’influence d’Alexis Michalik n’est pas loin, aussi bien dans la construction du récit que dans sa mise en scène : le jeu avec les temporalités, le rythme auquel s’enchaîne les scènes, l’interprétation de multiples personnages par les six comédiens, la musique comme élément dramaturgique à part entière, la coexistence de l’humour et du drame… La patte du maître est bien là et le souci d’efficacité qui caractérise ses pièces se retrouve dans la précision de la mise en scène de Régis Vallée.
Le plaisir de conter
Les six comédiens au plateau – parmi lesquels se trouve l’auteure Aïda Asgharzadeh – sont tous au service de l’histoire qui nous est contée. Leur plaisir de jouer et de raconter transparaît dans l’énergie et l’engagement avec lesquels ils interprètent la galerie de personnages. La plasticité dont ils font preuve, en passant d’un personnage à l’autre, est enthousiasmante de précision et leur sens comique particulièrement savoureux.
Leur plaisir est communicatif et le recours fréquent au face public renforce cette volonté d’embarquer les spectateurs dans le grand tourbillon de l’histoire, comme si nous étions conviés à écouter un conte autour du feu. Ce n’est pas pour rien que la pièce commence par la version iranienne de « Il était une fois ». 🔴
Bénédicte Fantin
Les Poupées persanes, d’Aïda Asgharzadeh
Mise en scène : Régis Vallée
Avec : Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker, Azize Kabouche, Toufan Manoutcheri, Sylvain Mossot, Ariane Mourier
Durée : 1 h 20
Théâtre des Béliers Parisiens • 14 bis rue Saint-Isaure • 75 018 Paris
Depuis le 24 août 2022
Du mardi au samedi à 21 heures, le dimanche à 15 heures
De 10 € à 37 €
Réservation : 01 42 62 35 00 du mardi au dimanche à partir de 13 heures
Réservation au guichet (1 heure avant le début des représentations)
Réservation en ligne (majorée de 1 €)
À découvrir sur Les Trois Coups :
☛Les Producteurs, de Mel Brooks, par Maxime Grandgeorge
☛Les Vibrants, d’Aïda Asgharzadeh, par Corinne François Denève