Un pince‑fesses sans finesse
Par Élisabeth Hennebert
Les Trois Coups
Le dynamique Christophe Botti rassemble amateurs et professionnels pour une comédie sur le voisinage qui ne tient pas toutes ses promesses.
La doyenne d’un immeuble invite toute la copropriété à fêter le Nouvel An chez elle. Autour des blinis et des flûtes, le réveillon menace de tourner à la baston et la party, à la partouze. Le thème est naturellement drôle, pas nécessairement neuf, mais l’auteur a le sens de la réplique, et on rit souvent pendant cette heure et demie passée avec sa troupe : ne boudons pas trop notre plaisir.
J’ai eu envie d’en savoir plus sur le dramaturge et sur cette compagnie si généreuse (treize acteurs en scène, un ingénieux décor, une scénographie pleine de trouvailles). Comme toujours, l’énergie déployée au service du théâtre, surtout quand elle est de longue haleine, force le respect. Les Botti, ce sont des frères, Christophe et Stéphane, tous deux professionnels du théâtre. Leurs carrières sont distinctes mais se rejoignent souvent, notamment pour une collaboration de plusieurs années avec la compagnie des Hommes-Papillons, mêlant amateurs et professionnels. L’auteur de Masques à tous les étages n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a écrit une quarantaine de pièces, dont une quinzaine publiée, et mène également une activité de scénariste pour des courts ou longs métrages. La rage de jouer, de produire et d’écrire semble inscrite dans son A.D.N.
La joie de travailler ensemble est patente aussi chez ses compagnons : tant de comédiens, ailleurs, donnent l’impression de s’ennuyer sur scène que l’enthousiasme est quelque chose de précieux même s’il ne fait pas tout.
Personne n’est exempt de névrose, il faut vivre avec.
J’ai essayé de résumer le message du spectacle, si tant est qu’il y ait message. Il est vrai que le dictionnaire des pathologies psychiatriques qui se déploie sous les yeux du spectateur est bien complet, mêlant les types les plus banals (la nymphomane, la coincée, le serial lover, le psy plus dingue que ses patients) à des cas plus rarement présents au théâtre (le boulimique, le beau gosse frigide, la jolie fille violente). Mais un catalogue, si plaisant fût‑il, ne suffit pas à constituer une intrigue. Il n’y a pas vraiment de progression dramatique, sinon que, métaphore sans grande subtilité, les masques tombent à mesure qu’avance la soirée. Le texte aurait gagné à être resserré autour d’une histoire plus construite, faute de quoi on peine à dépasser les blagues de cul, de bite et autres giclettes pour quelque chose de plus intéressant. ¶
Élisabeth Hennebert
Masques à tous les étages, de Christophe Botti
Cie des Hommes-Papillons
Mise en scène : Christophe Botti et Benjamin Castaneda
Avec : Julien Baldacchino, Arnaud Dugué, Caroline Giecold, Mathieu Foric, Xavier Gascuel, Françoise Levesque, Mad Mahé, Léa Malassenet, Rita Neminadane, Laurent Plessi, Benjamin Plouvier, Florence Popyk et Guillaume Vatan
Scénographie : Nicolas de Ferran
Création lumières : Nicolas Laprun
Musique originale : Julien Baldacchino
Théâtre Clavel • 3, rue Clavel • 75019 Paris
Site du théâtre : www.theatre-clavel.com
Réservations sur billetreduc et sur le site www.christophebotti.fr
Métro : ligne 11, station Pyrénées
Une semaine sur deux jusqu’au 24 décembre 2016, du jeudi au samedi à 21 h 30 (prochaines dates 25, 26 novembre, 8, 9, 10, 22, 23 et 24 décembre)
Durée : 1 h 30
16 €, 13 € et 11 €