Envoûtante Melody
Par Jean-François Picaut
Les Trois Coups
Le Carré Sévigné est plein comme un œuf pour accueillir Melody Gardot et son sextette. Avant le spectacle, il fait déjà bon dans la salle, mais la température va très vite monter de quelques degrés.
C’est sur une scène enfumée, dans une douce ambiance quasi psychédélique où dominent les cuivres, que la chanteuse fait son entrée, toute de noir vêtue et le visage à demi caché par un grand chapeau, noir également. Elle nous embarque immédiatement dans son univers jazz et soul, à la manière d’une envoûteuse.
Le concert commence avec Don’t Misunderstand aux modulations lentes, expression quasi pathétique du manque. Il se poursuit avec Same to You, un morceau énergique où la voix de Melody Gardot se fait rocailleuse et continue dans le même style sur She Don’t Know, proclamé avec force. On revient ensuite à la ballade avec Bad News. La voix semble se casser, se déchirer, sur des harmonies de saxophones alto et baryton.
La chanteuse alterne ainsi des titres dansants sur lesquels un public réactif se laisse aller à quelques déhanchements, et des morceaux plus acoustiques aux mélodies subtiles et aux cadences suspendues. La voix distille avec aisance un mélange de douceur et de brutalité, où la sensualité est toujours présente.
Un contact intime
Le programme, très largement puisé dans son dernier album Currency of Man (Decca Records, juin 2015), est assez éclectique. Melody Gardot y excelle à installer un contact intime entre elle et le public. Son interprétation sensible renforce l’impression de sincérité qui se dégage de ses textes. Son souci d’expliquer, dans un français presque parfait, les anecdotes de ses chansons rend le spectacle encore plus chaleureux.
La précision, la justesse et la technique de la chanteuse sont également mises en valeur grâce à d’excellents musiciens qui enchaînent les solos et les harmonies tout en chorégraphiant leurs morceaux les plus groovy. La palme revient à coup sûr à la section des cuivres. On citera d’abord Irwin Hall (saxophones alto et ténor, clarinette basse), auteur de plusieurs solos remarquables sur Same to You (à la limite du growling), Bad News (à la limite du feulement), March for Mingus (avec deux saxophones simultanément, presque free !), les Étoiles (clarinette), etc. Sylvester Uzoma Onyejiaka (saxophone baryton) s’illustre entre autres dans Bad News et Our Love Is Easy. Quant à Shareef Clayton (trompette), il brille notamment dans Who Wil Confort Me et dans Our Love Is Easy.
Cette superbe chanson d’amour, très sensuelle, est décidément l’une des plus touchantes du concert et de l’album. Melody Gardot l’interprète avec beaucoup de sensibilité sur des arrangements somptueux. D’une façon générale, cet album est admirablement arrangé et, sur scène, les enchaînements impeccables des musiciens peuvent produire l’impression d’un morceau infini qui modulerait tout au long de la session, laissant parfois la place à de merveilleux solos.
Un It Gonna Come endiablé a conclu le concert et permis à la section rythmique de se donner à fond. Le public est reparti avec la sensation d’avoir vécu de riches moments de complicité avec une artiste attachante. ¶
Jean-François Picaut
Melody Gardot en concert
Avec : Melody Gardot (voix, piano, guitares)
Photo : © Jean‑François Picaut
Carré Sévigné • 4, mail de Bourgchevreuil • 35510 Cesson-Sévigné
Réservations : 02 99 83 11 00
Jeudi 29 octobre 2015 à 20 h 30
Durée : 1 h 30
30 € | 27 € | 25 €
3 réponses
Bonjour
Est-ce que je peux te demander combien de temps avant le concert il faut arriver au Carré Sévigné ? J’y vais cette semaine et je voudrais absolument être assise (problème de santé). Merci !
Bonjour Delphine,
Le mieux, c’est de les appeler au 02 99 83 73 43.
Merci !