Grande fresque en blanc, rouge et noir
Par Léna Martinelli
Les Trois Coups
Les acrobates de la Cie Oktobre viennent de présenter au Chainon Manquant leur dernière création. Un spectacle lyrique en diable, à la poésie loufoque.
Lustre monumental à pampilles en plastique et divan défoncé… Dans ce salon bourgeois décati, c’est toute une humanité qui évolue sous nos yeux ébahis. Au centre de ce cauchemar éveillé, un jeune homme tente de faire face à de multiples situations, car une galerie de personnages excentriques se débat autour et avec lui. Pas de pots cassés, mais que de tensions ! Et les numéros de séduction finissent mal. Très mal. Dans cette maison des horreurs, tous les excès sont permis.
Entre élégance et décadence, la Cie Oktobre nous plonge dans une comédie humaine, propice à des acrobaties de tout genres. Cul par-dessus tête. D’ailleurs, le plafonnier cache un trapèze. Des coulisses, surgissent accessoires improbables ou personnages baroques, dont la folie se dévoile vite. Il ne faut pas se fier aux apparences. Comme le luxe – de pacotille – rien ne se passe normalement. C’est jubilatoire de voir ces situations tragi-comiques qui dénoncent nos comportements sociaux.
Un homme reste longtemps immobile. Rêve-t-il ? L’atmosphère onirique le laisse penser. Mais peut-être sommes-nous seulement projetés dans l’espace mental de ce personnage en proie à ses démons ? Un espace chaotique qui le dépasse et dont il tenterait de cerner les contours…
Créatif et efficace
Le spectacle élargit peu à peu son terrain de jeu et convie plusieurs disciplines : du main à main et autres portés originaux, des numéros de vélo acrobatique exceptionnels. La compagnie réinvente aussi la contorsion, au service des personnages.
Une curieuse alchimie s’opère ainsi entre cirque, danse, théâtre et musique (avec un excellent pianiste en live). Et les références cinématographiques ne manquent pas : personnalités à la Almadovar, ambiances hitchcockiennes…
À l’excellent niveau technique, s’ajoutent une esthétique soignée et une scénographie très réussie. Les costumes – tout en fluidité – et les éclairages sont magnifiques. Au blanc faussement serein, succède le rouge de la passion et le noir inquiétant. Enfin, plusieurs surprises rythment efficacement le spectacle. Bref, voilà du cirque contemporain comme on l’aime, où les sens sont mis sans dessus dessous. ¶
Léna Martinelli
Midnight Sun, de la Cie Oktobre
Site ici
Mise en scène : Florent Bergal
Écriture : Eva Ordonez et Florent Bergal
Interprètes : Eva Ordonez, Camille Chatelain, Nata Galkina, Coline Mazurek, Max Behrendt, Hugo Georgelin, Thomas Surugue (pianiste).
Tout public à partir de 8 ans
Durée : 1 h 15
Théâtre de Laval, le 17 septembre 2019, à 21 heures
Dans le cadre du Chaînon Manquant, 28e édition
Du 17 au 23 septembre 2019
Tournée ici