« Miss Knife chante Olivier Py », récital, Athénée ‑ Théâtre Louis‑Jouvet à Paris

Miss Knife chante Olivier Py © Alain Fonteray

Olivier Py fait son cabaret et tombe les masques

Par Savannah Macé
Les Trois Coups

Comédien, metteur en scène, écrivain, poète et, aujourd’hui, femme, Olivier Py illumine la scène du Théâtre de l’Athénée et rend hommage à « Miss Knife », dont la voix surprenante et le timbre inattendu font trembler le plateau et frémir nos cœurs.

Miss Knife, c’est la découverte d’une créature de lumière venue d’une autre époque, d’une chanteuse éblouissante, accompagnée de ses quatre musiciens, qui vient « se représenter » devant son public. Grâce à un répertoire tragique et endiablé, nous sommes entraînés dans une rencontre et un partage avec cette star atypique et attachante, brillant de mille feux.

Ses dix-huit chansons françaises, aux paroles émouvantes et parfois grinçantes, sont principalement composées par Olivier Py, dont le verbe envoûtant et déchirant nous dessine l’histoire de cette intrigante Miss Knife. Avec cran et passion, elle nous chante l’amour et la peur du temps, celle de la perte de soi et des autres, mais, surtout, elle nous crie la vie et la nostalgie de ses vieux fantômes. Ainsi, ses chants apparaissent comme une force de combat contre la réalité, qu’il vaut mieux ignorer pour pouvoir se relever.

Éclatante, vêtue de robes pailletées, de hauts talons et de diamants étincelants, accompagnée d’un excellent pianiste, Stéphane Leach, du saxophoniste Olivier Bernard, du contrebassiste Sébastien Maire et du batteur Julien Jolly, elle donne vie à l’espace et nous coupe du monde extérieur. L’atmosphère de concert de music-hall n’est pas dominante, mais elle est présente par le biais de ses costumes et par la scénographie – un mur, en fond, tapissé d’une multitude d’ampoules allumées, créant des ambiances de couleurs différentes à l’aide de filtres.

Entre illusion et réalité

Le jeu sur la lumière est essentiel, car il permet de créer un véritable show et renforce le statut de vedette. Ainsi, en artiste habituée et confirmée, Miss Knife salue et remercie le public enthousiaste après chacune de ses prestations vocales. Toujours dans cette idée de spectacle continu, en bonne chauffeuse de salle, elle entretient un rapport avec son public qui participe assidûment en levant la main et en répondant à ses interrogations sur certaines pathologies sociales. Ce spectacle a aussi des allures de café-théâtre, même si les frontières entre illusion et réalité sont brouillées.

La mise en scène reste relativement simple et peu originale, se contentant de l’essentiel. Miss Knife habille le plateau de quelques déhanchés et ondulations, quand elle n’est pas statique ou assise près du piano. Il y a néanmoins un manque de mouvements corporels, sans doute dû à la volonté de mettre la poésie du texte en valeur, de peur de tomber dans le cliché de la diva. Le spectateur aurait pourtant souhaité une mise en scène plus élaborée, davantage de connivence et de jeu avec les musiciens qui n’ont, alors, qu’une utilité pratique. En outre, on aurait pu accentuer un peu plus l’ambiguïté et le mystère de ce personnage. De même, l’effacement progressif de la créature féminine au profit de l’homme travesti n’est pas assez net.

Olivier Py semble véritablement en osmose avec sa part de féminité. Il est parfaitement à l’aise dans l’art du travestissement, avec de faux airs de Jack Lemmon. Avides de découvrir cette créature touchante et pleine d’humour, nous en oublions l’homme. L’ancien directeur de l’Odéon, artiste aux multiples facettes, excelle dans ce rôle qui n’en est plus un pour lui. Créateur d’une silhouette et d’un cœur dont il s’est emparé et où les corps se confondent, comme attirés l’un vers l’autre, qui, d’Olivier Py ou de Miss Knife, incarne alors l’autre ? 

Savannah Macé


Miss Knife chante Olivier Py, récital

Musiques de Stéphane Leach et Jean‑Yves Ribaud

Textes d’Olivier Py

Mise en scène : Olivier Py

Avec : Olivier Py, Julien Jolly, Olivier Bernard, Stéphane Leach et Sébastien Maire

Costumes : Pierre‑André Weitz, assisté de Nathalie Bègue

Création lumière : Bertrand Killy

Création son : Dominique Cherprenet

Photo : © Alain Fonteray

Athénée ‑ Théâtre Louis‑Jouvet, square de l’Opéra ‑ Louis‑Jouvet, 7 rue Boudreau • 75009 Paris

http://www.athenee-theatre.com/

Réservations : 01 53 05 19 19

Du 18 au 27 octobre 2012 à 20 heures, mardi à 19 heures, relâche le lundi

Durée : 1 h 30

32 € à 7 €

Tournée :

  • Théâtre national de Marseille-La Criée, le mardi 27 novembre 2012 (04 96 17 80 00)
  • Théâtre de Vienne (38), le 28 novembre 2012 (04 74 85 00 05)
  • Théâtre de Sartrouville (78), le 4 décembre 2012 (01 30 86 77 79)
  • Théâtre Vidy-Lausanne, salle Charles‑Apothéloz (Suisse), du 5 au 7 décembre 2012 (00 41 21 619 45 44)
  • La Filature à Mulhouse (68), le 11 décembre 2012 (03 89 36 28 28)
  • Théâtre d’Orléans, salle Touchard (45), le 14 décembre 2012 (02 38 62 15 55)
  • Manufacture atlantique, Bordeaux (33), le 19 décembre 2012 (05 56 85 82 81)
  • Théâtre Liberté, Toulon (83), le 21 décembre 2012 (04 98 07 01 01)
  • Théâtre Sorano, Toulouse (31), les 28 et 29 mars 2013 (05 81 91 79 19)
  • L’Avant-Seine théâtre de Colombes (92), le 9 avril 2013 (01 56 05 86 58)
  • La Passerelle, Florange (57), le 12 avril 2013 (03 82 59 17 99)
  • Théâtre national de Nice, salle Pierre‑Brasseur (06), le 30 avril 2013 (04 93 13 90 90
  • Comédie de Saint-Étienne (42), les 15 et 16 mai 2013 (04 77 25 01 24)

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