Une pièce endiablée dansée par deux fêlés survitaminés
Par Vincent Cambier
Les Trois Coups
Comment raconter le plaisir ? Comment dire la jouissance, devant un spectacle totalement abouti et parfaitement lisible ? C’est, en tout cas, ce qu’a ressenti le public unanime de gourmet repu qui s’est pressé à la représentation de Mohican Dance, des Cartoun Sardines, au Théâtre du Sablier, d’Orange, le mercredi 6 décembre 2000.
Imaginez un film avec Bogart ou un bouquin de Raymond Chandler… C’est la même pépite noire – orpaillée avec obstination pendant un an par Car et Ponce –, mais charriée ici par un fleuve de théâtre, remonté par deux comédiens-auteurs complètement déjantés, ahurissants d’invention, drôlissimes, prenant leur pied avec les seules drogues qui vaillent pour des acteurs : l’héroïne du jeu, la marijuana du spectacle, l’ecstasy du rire, avec une surdose d’imaginaire.
Alors, ça pétille d’intelligence, ça pète d’énergie, ça claque comme un coup de feu, ça explose d’action et ça emmène, à toute berzingue, le spectateur sur les rives du délire zygomatique ! Et sans jamais recourir au quart de la moitié du commencement de l’ombre d’une vulgarité !
Comme dans tous les grands spectacles, chaque vêtement, chaque geste, chaque mot, chaque corps, chaque goutte de sueur des comédiens révèle un parfum aigre de travail et une fragrance capiteuse de talent. ¶
Vincent Cambier
Mohican Dance, de Philippe Car et Patrick Ponce
Cartoun Sardines Théâtre • 13, rue des Trois‑Mages • 13001 Marseille
Avec : Patrick Ponce et Philippe Car