Avènement de l’acteur
Par Trina Mounier
Les Trois Coups
La jeune compagnie Courir à la catastrophe n’en est pas à son coup d’essai. Elle a été, entre autres, lauréate de la première édition du Prix Célest’1. « Œuvrer son cri » prouve à quel point ses membres savent rire de certaines situations malcommodes, voire dramatiques. Un regard sarcastique, mais tendre, sur eux-mêmes, moteur même de leur création.
Ces jeunes tirent l’argument d’une occupation du Théâtre des Célestins, à laquelle ils ont participé en 2016, au moment des manifestations contre la loi El Khomri. Ils imaginent que le théâtre est alors fermé pour une date indéterminée, faisant craindre qu’il subisse le même sort que l’Hôtel-Dieu depuis (« l’hôpital des pauvres transformé en galerie marchande pour hyper-riches »). Ils se mettent donc en scène eux-mêmes quelques années plus tôt se jetant dans l’aventure, pleins de craintes et d’espoir.
Et les voici aujourd’hui occupant le plateau et faisant théâtre de cette histoire passée et présente. Ce qu’ils racontent, c’est l’histoire de toutes les communautés, de toutes les ZAD, de toutes les occupations. Les rêves plein la tête, d’autant plus merveilleux qu’on ne se fait guère d’illusion sur leur faisabilité. Le quotidien passé à discuter, inventer, se disputer.
Théâtre dans le théâtre
Comme dans la vie, c’est donc un chantier, un joyeux foutoir qu’on nous présente. Au théâtre, il doit être organisé au millimètre pour être supportable. Et c’est une vraie réussite, malgré quelques petits problèmes de rythme. Entre autres, la première scène, qui ouvre sur une vidéo, mériterait d’être un peu coupée.
En revanche, les numéros d’acteur sont à mourir de rire, ce qui fait du bien par les temps qui courent. Citons tout particulièrement Alicia Devidal, qui a un véritable talent professionnel de clown, et Marie Menechi, impayable dans une scène de pétage de plombs grandiose et tordante. Alors, léger ce spectacle ? Certes, mais grave aussi puisqu’il nous parle de nos utopies et de nos illusions, de nos échecs et de nos peurs avec élégance.
Nous avons aussi été séduits par la manière dont il est « emballé ». La vidéo en dit long sur cette histoire : ces gens entrent dans le théâtre comme une bande d’ados désorganisés, timides et maladroits. Ils en sortiront une heure et demie plus tard en farandole, habillés avec les vêtements cousus à vue sur le plateau par leur costumière, beaux comme des camions, tête haute, pour investir la ville, devenus acteurs. À part entière. ¶
Trina Mounier
Œuvrer son cri, de la compagnie Courir à la catastrophe
Écriture collective
Mise en scène : Sacha Ribeiro
Avec : Logan De Carvalho, Camille Davy, Alicia Devidal, Léa Émonet, Marie Menechi, Clément Soumy, Simon Terrenoire, Alice Vannier
Scénographie : Camille Davy
Lumière : Clément Soumy
Costumes : Léa Émonet
Vidéo : Jules Bocquet
Durée : 1 h 40
Théâtre des Célestins • 4, rue Charles Dullin • 69002 Lyon
Dans le cadre de la Quinzaine Courir à la catastrophe
Présentation ici
Du 4 au 13 janvier 2022, du mardi au samedi à 21 h heures, dimanche à 16 h 30, relâche le lundi
De 10 € à 26 €
Pass Quinzaine Courir à la catastrophe
Réservations : 04 72 77 40 00 ou en ligne
Tournée
- le 28 janvier, Théâtre de Jouy-Le-Moutier
- le 10 mai, Maison du théâtre, à Amiens
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