Un joyeux mélange des genres
Par Bénédicte Fantin
Les Trois Coups
Stéphan Druet et Sebastián Galeota ont traduit et adapté « Renée », de l’auteur contemporain Javier Maestro. Une comédie à la mode argentine, qui réunit avec jubilation personnages outrés et situations folles.
D’emblée, des douches de lumières successives révèlent des personnages hauts en couleurs, dignes d’un jeu de Cluedo : Monique, la gouvernante, Philippe, son mari jardinier, Jean, leur fils introverti, et Blanche, la bonne. Pourtant, aucun crime n’a été commis dans cet intérieur bourgeois. Le riche propriétaire des lieux s’en est allé de sa belle mort, laissant derrière lui des domestiques sans le sou, prêts à tous les subterfuges pour toucher l’héritage de leur ancien employeur. Ils se font notamment passer pour l’unique ayant-droit : Renata, la veuve du défunt, supposée disparue depuis des années. Mais qui sera assez crédible pour incarner Renata et convaincre le notaire ?
Les talents de transformiste de l’acteur argentin Sebastián Galeota sont une nouvelle fois mis à contribution. Ce dernier avait en effet marqué les esprits avec son interprétation touchante d’Eva Perón dans une mise en scène du même Stéphan Druet. Cette fois-ci, grimé en femme, son personnage expérimente une seconde naissance et prend toute son ampleur au cours de l’intrigue. Sous un aspect burlesque, la pièce offre un sous-texte d’une grande richesse : peut-on être soi, se découvrir, en incarnant un personnage ? Quoi de mieux que des comédiens chevronnés pour faire vivre ce questionnement !
La mécanique du rire
Les cinq acteurs font tous preuve d’une expressivité folle. Les gestes et les réactions sont exagérés à outrance afin de porter une situation elle-même extravagante et invraisemblable. Le comique de répétition est le grand allié des comédiens, qui tirent d’ailleurs cette ficelle jusqu’au moment du salut.
La performance de Carole Massana est particulièrement marquante. Son interprétation de Monique, monstre de cruauté et de froideur calculatrice, est servie par un jeu clownesque ahurissant.
Pour accompagner ce jeu dynamique, la mise en scène donne la part belle au rythme grâce à des jeux de lumières ingénieux et des transitions chorégraphiées sur des airs de tango. Le tout est parfois kitsch, mais tellement assumé que l’on entre volontiers dans la danse ! ¶
Bénédicte Fantin
Renata, d’après Renée de Javier Maestro
Mise en scène : Stéphan Druet
Avec : Antoine Berry Roger, Emma Fallet, Sebastian Galeota, Carole Massana, Philippe Saïd
Lumières : Christelle Toussine
Décor : Olivier Prost
Costumes : Denis Evrard
Chorégraphe : Christophe Segura
Bande-son et musique : Maxime Richelme
Durée : 1 h 30
Photo : » Renata » – Stéphan Druet © D.R.
Comédie Bastille • 5 rue Nicolas Appert• 75011 Paris
Jusqu’au 27 août 2017, du jeudi au samedi à 21 heures, le dimanche à 17 heures
De 10 € à 32 €
Réservations : 01 48 07 52 07
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