Sélection spectacles fêtes 2024

15 spectacles à voir pendant les fêtes

Léna Martinelli
Les Trois Coups

Danse, théâtre, cirque, musique… Voici notre sélection de propositions à ne pas rater, avec de grands artistes tel Bartabas, le chef-d’œuvre « Pixel » qui fête ses dix ans, l’ébouriffante « Histoire d’un Cid », l’expérience synesthésique de Zartan ou encore la générosité du Zip Zap Circus. Plutôt que les shows assourdissants, notre choix privilégie des démarches sincères et riches de sens, ce qui n’empêche pas la joie, au contraire. Vibrez et offrez l’émotion du spectacle vivant !

Pixel fête ses 10 ans

Des corps qui résistent à la technologie… À l’époque, cette première expérimentation chorégraphique fondée sur l’interaction entre mouvement et vidéo était novatrice. Elle n’a pas pris une ride. Mourad Merzouki y mêle l’énergie de danseurs et circassiens exceptionnels à la poésie des projections 3D, avec Adrien M & Claire B à la création numérique, et Armand Amar à la composition musicale. Des milliers de pixels s’animent, offrant un trompe-l’œil époustouflant, qui évolue en temps réel en fonction des mouvements des danseurs. Une plongée inoubliable dans un univers extra-ordinaire (lire la critique de Léna Martinelli).

L’Opéra Garnier comme terrain de jeu

Une piscine de balles vertes, des cubes géants suspendus au plafond, des parties de ballons et des courses-poursuites à en perdre haleine… Dans Play, Alexander Ekman interpelle les adultes et se demande ce que nous faisons des jeux de notre enfance. Avec une scénographie aussi impressionnante que décalée, des tableaux oniriques ou fantaisistes rythmés par la musique jazzy de Mikael Karlsson, le chorégraphe suédois signe une œuvre ludique et transgressive qui n’oublie pas d’égratigner le ballet classique.

Le théâtre, en grand

Drame d’amour en forme de traversée, le Soulier de satin est une épopée, soit vingt ans construits en quatre journées, qui narre la passion de Rodrigue et Doña Prouhèze, épouse du gouverneur Don Pélage, à l’époque des conquistadors et des navigations au long cours. Éric Ruf fait se déployer l’écriture de Claudel, ample et musicale, baroque et mystique, dans une scénographie où la machinerie de théâtre prend le large. Immense pièce de troupe, ce Satin est un événement à ne pas rater. Le metteur en scène, qui quittera cette année son siège d’administrateur de la Comédie Française, veut partir sur un geste fort : représenter cette œuvre monumentale dans sa quasi-intégralité. Avant de lui souhaiter bon vent, il faut aller l’applaudir, lui et la troupe (18 personnes sur scène), ainsi que l’équipe exceptionnelle (dont Christian Lacroix aux costumes).

Un Cid ludique et joyeux

Qu’est-ce que l’honneur ? Comment vivre l’amour quand la vengeance d’un parent menace tout ? Comment une génération résiste-t-elle à céder sa place à la suivante ? Quels choix façonnent nos vies et comment les assumer pleinement ? Jean Bellorini a choisi de venir y créer la pièce la plus connue de Corneille, mais « augmentée » des mots de Lamartine, Hugo et de Novarina, maquillée et mise en musique à sa façon, avec une troupe constituée de fidèles. Un improbable château gonflable de plastique donne du dynamisme au jeu, en faisant naître la mer et ses gouffres pour mieux rendre visibles les tourments des jeunes amoureux. À (re)découvrir au TNP après une création sous les étoiles des Fêtes Nocturnes de Grignan (lire la critique de Trina Mounier).

© Christophe Reynaud de Lage sauf la 2 © Jacques Grison

Portrait d’un Iran perdu

C’est l’histoire d’un héritage que l’on aime et que l’on déteste, c’est l’histoire d’hommes et de femmes qui cherchent à se frayer un nouveau chemin : 4 211 km c’est la distance entre Paris et Téhéran, celle parcourue par Mina et Fereydoun venus d’Iran pour se réfugier en France, après une révolution qu’on leur a volée. Sur un plateau au décor minimal, Aïla Navidi, autrice, metteuse en scène et comédienne, déploie une fresque mémorielle. Entourée par cinq comédiens, elle donne corps à des personnages livrés à une bataille déchirante entre désir d’émancipation et nostalgie de la terre natale. Cette pièce nous éclaire sur la barbarie du régime islamique et témoigne du combat que mènent les exilés d’hier et d’aujourd’hui. Elle a reçu, entre autres, 4 nominations aux derniers Molières, dont Meilleur spectacle de théâtre privé (lire la critique de Laura Plas).

Fugue en do mineur 

Et si les parents avaient le droit et de vie et de mort sur leurs progénitures ?! Les thèmes de prédilection de Fredrik Brattberg : les relations parents enfants. Retours tient en haleine le public. Construction précise et humour noir caractérisent en effet le style de l’auteur, hérité de Fosse. Jouant sur plusieurs registres, du drame au vaudeville, en passant par le fantastique et le surréalisme, la mise en scène de Simon Delétang, ludique et musicale, révèle les enjeux d’une pièce saisissante, caustique à souhait (lire la critique de Lena Martinelli).

Itinéraire d’un enfant (peu) gâté

En reprenant Sans famille, adapté du roman d’Hector Malot, la Comédie Française nous entraîne dans le difficile parcours d’un petit garçon délaissé à sa naissance. Pas de déluge de larmes, pourtant, car la mise en scène formule une proposition adroite entre chagrin et joie de vivre, entre gravité et franc burlesque, rythmée par des chansons accrocheuses. Véronique Vella et Thierry Hancisse y sont enchanteurs (lire la critique de Florence Douroux).

Fantasque et merveilleux

Les inventifs Valérie Lesort et Christian Hecq reprennent le Voyage de Gulliver, récompensé par 2 Molières en 2022 (mise en scène ; création visuelle et sonore). Ce remarquable travail sur le minuscule aboutit à un résultat gigantesque. Dans cette libre adaptation du célèbre conte de Jonathan Swift, les lilliputiens prennent vie sous la forme de petites marionnettes hybrides intégrant les visages de comédiens face à un géant à taille humaine. Apparitions saisissantes, déformations et autres fantaisies… Les trouvailles visuelles foisonnent.

© DR

Ça cartoone !

L’univers des cartoons s’invite sur les planches ! Dans la famille Normal, il y a les parents, Norman et Norma, Jimmy, Dorothy, un bébé, un chien et un poisson rouge. Tout ce qu’il y a de plus normal ! Sauf que pas du tout, ce sont des Cartoons dont les vies répondent à d’autres règles. Odile Grosset-Grange a mis en scène, avec énergie et créativité, une pièce inédite de Mike Kenny qui traite des normes et du désir de vie. Particulièrement inspirée, la mise en scène révèle tous les atouts de cette excellente pièce : rythme, poésie, profondeur et humour. Mêlant théâtre, magie nouvelle, marionnettes, comédie musicale et dessin (parfois animé), cet excellent spectacle tout public plaît aux petits comme aux grands (lire la critique de Léna Martinelli).

Chevauchée magnifique

Après les Irish Travellers, Le Théâtre équestre Zingaro célèbre les Scythes, peuple nomade de l’Antiquité régi par le matriarcat. Au cœur de l’arène, des voltigeuses hors pair évoluent, portées par des musiciennes iraniennes et une percussionniste aux allures de chamane. Se dressant contre les interdits, ces Amazones-là expriment leur rage, leur fougue et leur sensualité, incarnent larévolte des femmes d’ici et d’ailleurs. Loin du sensationnel, Bartabas invite à la réflexion par la force de la poésie et le ravissement. Un spectacle engagé et bouleversant.

Zip Zap fait s’élever les corps et les âmes

Les dix jeunes artistes du Zip Zap Circus présentent un spectacle haut en couleur, où techniques acrobatiques et danses dessinent le portrait de la nation arc-en-ciel rêvée par Nelson Mandela. Porté par l’énergie de 10 jeunes diplômés de l’école sud-africaine dont est issue la compagnie professionnelle, Moya partage les idéaux de fraternité et d’unité. Un bel exemple de cirque, comme levier d’épanouissement et d’émancipation. L’occasion de soutenir un projet à vocation sociale mené par une équipe formidable avec des interprètes à l’enthousiasme contagieux qui célèbrent magnifiquement la diversité (lire la critique de Léna Martinelli).

Incroyable !

Avec les Gandini, le jonglage est magique, surtout quand ils s’associent à Yann Frisch. D’ailleurs, Heka, auquel ils rendent hommage dans ce spectacle, est le dieu égyptien de la magie. Tout n’est donc que faux-semblant. Des objets apparaissent et disparaissent, flottent, se multiplient ou changent de couleur. Et quand ils s’y mettent tous les sept, jouant entre eux avec le rythme, les variations et les répétitions, avec l’air, puis la matière, cela donne d’impressionnants ballets visuels.

Jongleries chromatiques

Dans son laboratoire synesthésique, un fringuant sorcier manipule les sons et collectionne les couleurs. Explorant un monde fantastique, Zartan et son téméraire acolyte développent jongleries chromatiques et illusions lumineuses. L’alchimie entre imaginaire et technologie devient possible. Formé en magie au CNAC, jongleur, musicien et ancien assistant de Daft Punk, Laury Chanty travaille de façon panoramique dans une écriture simultanée de la bande-son, des effets sonores, du mouvement et de la programmation lumineuse. Il collabore ici avec un jongleur et acrobate (roue Cyr).

Du cirque québécois top !

Ils sont seuls au monde. Leur quête : contacter d’autres rescapés à l’aide d’une étrange machine. Y parviendront-ils ? Comment conserver une parcelle d’humanité dans un monde en pièces détachées ? Armés de leur talent pour la haute voltige et de leur ingéniosité, cinq hommes rivalisent d’originalité en maniant des instruments aussi divers que la planche coréenne, les quilles, la batterie et même la serviette de bain ! Un spectacle grand public à la fois poétique et drôle.

Quatuor de choc dans Come Bach

Jean-Sébastien Bach continue d’inspirer. Come Bach réunit quatre interprètes (contrebasse, hautbois / cor anglais, piano et voix) dans un concert insolite. Le parti pris est de casser les codes : plus de partitions, plus de chaises, afin que que les musiciennes soient enfin libres, car celles-ci sont pour le moins décalées. Ne pas rentrer dans des cases ! Toutes, de manières différentes et dans des styles variés, prennent plaisir à voyager dans l’univers de Bach, décidément intemporel. Un génie.

Les Sea Girls plus pétillantes que jamais !

Est-ce de la chanson, de la comédie musicale, du théâtre ou de l’humour musical ? Finalement, Les Sea Girls revendiquent un music-hall hybride, fantasque, grinçant et libre. Judith Rémy, Prunella Rivière et Delphine Simon traitent de sujets légers, graves, de société, parfois intimes, sans jamais renoncer au rire que le drame provoque. La compagnie a fait le pari d’inviter pour chaque création un metteur en scène différent. C’est Pierre Guillois qui est aux commandes de Dérapage, avec la furieuse envie de tout faire basculer dans un feu d’artifices montrant le strass et… le stress. Avant la Scala Paris, à partir de mi-janvier, et de nombreuses représentations partout en France, c’est l’Est (Chaumont, Forbach et Bar-Le-Duc) qui a le privilège de les accueillir pendant les fêtes. La chance…

© DR

Léna Martinelli


À découvrir sur Les Trois Coups :
Sélection spectacles pour les fêtes 2023, par Léna Martinelli

Photo de une : « Dérapage », Les Sea Girls, mise en scène Pierre Guillois © DR

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