« La culture nous aide
à vivre ensemble au présent »
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Les Trois Coups
Prendre acte d’un changement du monde et donner à chacun les moyens d’y entrer : voilà ce qu’est, à mes yeux, une politique culturelle réussie, et le chemin que nous avons à prendre.
Aux déchirements du monde, la gauche a toujours opposé la culture comme cette trame qui rassemble. Qu’elle nous unisse dans une communauté d’expérience, ou qu’elle suscite au contraire la controverse et le débat, la culture nous aide à vivre ensemble au présent.
C’est pourquoi, comme le disait François Hollande à Nantes, en 2012, « la culture n’est pas l’élément d’un programme. Ce n’est pas une dimension qu’il faudrait ajouter aux autres politiques. C’est le cœur du projet politique. ». Le projet des socialistes, qui entendent approfondir la démocratie par la culture.
Nous savons qu’un nouveau monde se dessine, mais il n’en finit pas d’advenir. Nous savons que le réel se transforme, mais il n’en finit pas de nous échapper. Le numérique, qui exalte et interroge à la fois, est l’un des visages manifestes de ce changement qui s’opère. Il porte en lui une profusion qui nous fascine, et ce qui nous fascine est aussi précisément ce qui nous déroute. De ces grandes mutations viennent en partie, j’en suis convaincue, les tensions et les angoisses qui électrisent nos sociétés et les tiraillent de l’intérieur. Plus que jamais, la culture est une réponse.
Mais laquelle ? Face aux soubresauts du monde, l’erreur serait de faire de la culture une sorte de refuge. De ne plus la regarder qu’à la manière d’une « réserve naturelle », hors du temps et hors du monde. Face aux soubresauts du monde, il est arrivé à la culture de se retirer sur son Aventin. Elle n’a pas été épargnée par la tentation de l’entre-soi. Certains ont d’ailleurs voulu, un temps, la figer à jamais pour puiser en elle les racines d’une identité nationale qui a pourtant toujours été ouverte. Et face aux mêmes soubresauts, préoccupés par l’urgence du quotidien, jusqu’à en être prisonniers – avouons-le –, les politiques ont eux aussi laissé en friche cette culture qui reconfigure le monde. Il est arrivé au politique de déserter la culture et tout ce qu’elle porte d’utopie en elle.
Si la culture est une réponse, alors la culture doit renouer avec sa générosité. Celle qu’incarnait le projet de « ministère de la vie culturelle » de Jean Zay, lui qui trouvait si juste qu’à côté de l’Éducation nationale, il y ait l’Expression nationale ; lui qui rêvait d’ajouter au goût d’apprendre le désir de créer. Oui, renouons avec cette générosité. Car une génération est là, sur le seuil, avec ses codes et ses pratiques, et elle désire entrer. Faisons-lui une place !
La génération nouvelle n’a pas renoncé à la culture, comme on l’entend parfois. Ses pratiques et ses créations sont au contraire comme un miroir de ce monde qui se transforme. Avec elle, la culture n’est plus seulement une lente et patiente ascension, où l’ivresse et le plaisir ne sont réservés qu’à ceux qui parviennent au sommet. Avec elle, la culture est immersion. Les frontières se brouillent entre les disciplines et les arts. Elles se brouillent même entre les spectateurs et les créateurs. Mais quelle place lui accordons-nous ? Pour le moment, nous la regardons comme une génération du dehors. Je veux en faire une génération du dedans. Une génération qui se sente aussi chez elle dans la vie culturelle.
N’est-ce pas la vocation du ministère de la Culture que de s’assurer que les arts et la pensée se déploient sans cesse vers le plus grand nombre ? N’est-ce pas l’une de ses missions fondatrices que de permettre à la génération présente d’exercer aussi librement son talent que les précédentes ?
En lançant les Assises de la jeune création, je n’avais pas d’autre ambition. En proposant d’ouvrir les bibliothèques le dimanche, pour en faire un lieu d’échange culturel, en m’engageant à ouvrir les conservatoires aux esthétiques nouvelles, en m’attachant à développer les pratiques artistiques collectives, je ne recherche pas autre chose.
En souhaitant inscrire aujourd’hui, dans le marbre de la loi, la liberté de création, et en la partageant davantage avec ceux qui en sont tenus à l’écart, je veux ouvrir une voie nouvelle : offrir à la génération présente l’égalité des places culturelles. Pour lui donner non seulement le droit d’entrer dans ce monde qui vient, mais lui donner aussi la possibilité de le comprendre, de le façonner, et de le rendre plus juste. J’entends qu’un vent nouveau souffle sur la culture.
Les Trois Coups
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