Quand s’ouvre la porte de la réflexion et de l’imaginaire…
Par Candy Chevalier
Les Trois Coups
Harold Pinter est le plus grand auteur britannique de théâtre contemporain. Il a d’ailleurs reçu le prix Nobel de littérature en 2005. Ses sujets de prédilection sont : la difficulté de s’exprimer et de communiquer, les névroses, le tragique de l’existence… Autant de thèmes porteurs de réflexions sur lesquels Eram Sobhani (le metteur en scène) a travaillé avec innovation. Il sublime et respecte l’univers et la langue du dramaturge.
Avec ce spectacle, Eram Sobhani nous permet de découvrir ou redécouvrir que la plume de Pinter est à la fois drôle, subversive et dérangeante. Une petite douleur débute dans l’ambiance légère et quotidienne d’un appartement bourgeois. Mais l’équilibre apparent est rapidement perturbé par de « petits riens », qui viennent réveiller les obsessions et les frustrations des personnages. Pinter ne se contente pas de décrire le quotidien d’un couple, il traduit avec finesse les pires facettes de la nature humaine.
Toute la première partie du spectacle pourrait ressembler à une pièce de boulevard. En effet, on assiste à une conversation banale entre le mari et la femme, où l’incompréhension donne lieu à des scènes comiques. Petit à petit, l’ambiance devient plus lourde, plus dramatique. Le remarquable jeu des acteurs nous embarque dans un univers instable entre violence et fragilité. Il est intéressant de voir comment le spectateur passe du rire à la tension.
Le spectacle est fait d’ambiguïtés et de sous-entendus. Les énigmes des personnages demeurent sans réponse, mais l’important n’est pas de tout comprendre. Une petite douleur questionne, dérange, éveille l’imaginaire. Je dois d’ailleurs souligner l’ingéniosité de la scénographie, qui donne au spectacle toute sa dimension mystérieuse et inquiétante.
Une petite douleur est une pièce déroutante, qui sonde les cœurs et les reins humains, qui questionne le temps et l’espace. Il ne s’agit pas de donner des réponses, mais plutôt de se servir de l’œuvre de Pinter comme d’un fabuleux outil de réflexion. Eram Sobhani va au-delà du rire, il nous propose un spectacle perturbant, bouleversant. ¶
Candy Chevalier
Une petite douleur, de Harold Pinter
Cie Bouche ouverte
Mise en scène : Eram Sobhani
Assistante à la mise en scène : Élise Lahouassa
Avec : Stéphane Auvray-Nauroy, Michèle Harfaut, Guillaume Bursztin
Scénographie : Sacha Mitrofanoff
Lumières : Xavier Hollebecq
Costumes : Sophie Hampe
Studio Le Regard du cygne • 210, rue de Belleville • 75020 Paris
Réservations : 09 50 03 37 18 ou boucheouverte05@yahoo.fr
Du 11 janvier au 27 janvier 2008 à 20 heures
Durée : 1 h 20
15 € | 10 €