Carrément rock
et complètement Zaz
Par Léna Martinelli
Les Trois Coups
Pour la troisième année, L’Île-d’Yeu organise le festival Viens dans mon île. En guise d’ouverture, un concert exceptionnel avec Skip the Use et une deuxième soirée couronnée par un franc succès public grâce aux têtes d’affiche Julien Doré et Zaz.
Voilà maintenant trois ans que le festival de L’Île-d’Yeu existe. Les deux premières éditions ont tenu leurs promesses. Avec sa programmation grand public, celle de cette année s’annonçait sous les meilleurs auspices. Mais c’est la première soirée, carrément rock, qui a retenu notre attention.
Les jeunes aux anges avec Skip the Use
Pour la première soirée, après la découverte de Home Most Days, jeune groupe s’imposant comme un des rares survivants d’un style purement américain, et Gush, un quatuor peinant à renouveler le basique pop band, place à Skip the Use. Emmené par son chanteur, Mat Bastard, le groupe joue un rock énergique. Manamax Catteloin à la batterie, Yan Stefani à la guitare, Jay Gimenez à la basse, Lio Raepsaet aux claviers, ont aussi une pêche d’enfer. Sélectionné par l’A.D.A.M.I., ce groupe du Nord – Pas-de-Calais créé en 2008, a été propulsé rapidement dans des festivals internationaux, se produisant en première partie du groupe Trust et Rage Against the Machine. Vite remarqué, notamment au Printemps de Bourges, il participe alors aux plus grands évènements musicaux, comme Main Square Festival ou Solidays. En 2013, Skip the Use gagne le prix du Meilleur Album rock aux victoires de la musique. Connu du grand public avec Give Me Your life et Ghost, il montre ensuite toute l’étendue de son talent lors de nombreux concerts.
Ces musiciens sont d’anciens membres d’un groupe de punk (Carving), et ça se sent. C’est du lourd, avec du bon gros son. D’ailleurs, au passage, saluons l’excellente sonorisation du lieu. Exercice pourtant délicat dans cette citadelle avec ses hauts murs troués de passages ! Le groupe Skip the Use mêle rock et électro, avec une touche de ska sur certains couplets. Une seule chanson en français : Être heureux. Mais le public est aux anges du début jusqu’à la fin. Il faut dire que le live, c’est son affaire. Tous les musiciens ont une belle présence sur scène, et en particulier le batteur, qui fait des bonds derrière ses caisses, et Mat, qui fait aller le public d’un côté à l’autre de la citadelle, le fait s’asseoir, sauter, courir même ! Ses interactions avec le public sont nombreuses, et il ne manque jamais l’occasion de faire des petites allusions politiques. D’ailleurs, le spectacle s’achève sur « La jeunesse emmerde le Front national ». On a envie de dire : « Pas que la jeunesse ! »…
Zaz : de l’émotion à l’état brut
Le public était plus familial pour la soirée du 7 août avec deux vedettes à l’affiche : Zaz, l’une des chanteuses françaises les plus populaires du moment, et Julien Doré, vainqueur de l’émission télévisée « La Nouvelle Star » en 2007. Le registre entraînant des tubes de ce dernier, au rythme accrocheur, a beaucoup plu au public. Pourtant la prestation était vraiment médiocre. Racoleur, le show en a mis plein la vue, usant de tous les subterfuges qui vise à masquer le peu d’inspiration et la vacuité du sens : paillettes dorées, fumigènes, son saturé, éclairages clinquants… Et le personnage Julien Doré est tout simplement insupportable de suffisance. Mais joue-t-il vraiment ?
Cette prétention a bien tranché avec le naturel de Zaz, reléguée en première partie alors que c’était bien elle, la vedette. Dommage de n’avoir pas fini sur cette si belle personne dont l’énergie positive booste tant ! La sincérité du rapport avec le public avec lequel elle instaure, en effet d’emblée, une chaleureuse proximité, fait chaud au cœur. Elle parle beaucoup de partage, de beaux sentiments, elle défend des valeurs écologiques et humanistes de manière simple et touchante. Mais Zaz, c’est avant tout une artiste. Celle-ci a toujours chanté : d’abord du blues, ensuite dans un orchestre de « baloche basque », et même du rap provincial. Avec sa voix cassée, Zaz fait vite un tabac et débarque à Paris. Depuis, « j’ai bœufé avec des Chiliens à Casablanca, repris Piaf au fin fond de la Sibérie, fait danser la place du Tertre, joué gratos dans une mine de sel en Colombie, fait une tournée en Égypte sans rien voir du pays (l’horreur !), gagné le concours Génération Réservoir, kiffé sur la scène de l’Olympia, enregistré une partie de mon album avec Raphaël et mille autres choses encore », raconte-t-elle volontiers.
Avec sa voix (éraillée mais puissante), son accent (titi parisien), un timbre (jazzy), un style (très personnel), des rythmiques world music, Zaz a donc conquis le public, ravi, qui attend à présent avec impatience la dernière soirée, résolument pop, avec The Group, Elmer Food Beat et Bernard Lavilliers. D’autres réjouissances en perspective. ¶
Léna Martinelli
Viens dans mon île, 2014
http://www.viens-dans-mon-ile.com/
contact@viens-dans-mon-ile.com
La Citadelle • 85350 L’Île‑d’Yeu
Accès fléchés depuis Port‑Joinville
Du 5 au 9 août 2014 à 20 heures
- Mardi 5 août 2014 à 20 heures : Skip the Use (en première partie : Home Most Days et Gush)
- Jeudi 7 août 2014 à 20 heures : Zaz (en première partie : Julien Doré)
- Samedi 9 août 2014 à 20 heures : Bernard Lavilliers (en première partie : Elmer Food Beat)
Pass 3 jours 95 € | le 5 août : 35 € | le 7 août : 39 € | le 9 août : 39 €
Tarif moins de 12 ans : 15 €
Navettes spéciales de la Compagnie vendéenne (départ : Saint-Gilles-Croix-de-Vie chaque soir à 18 heures et retour en fin de spectacle) à 10 € l’aller-retour • Depuis Fromentine, Yeu Continent propose aussi des horaires adaptés et une remise spéciale de 30 % sur le billet aller-retour des festivaliers (« Escapades spécial festival »).
www.compagnievendeenne.com • 0825 139 085
www.compagnie-yeu-continent.fr