Villeneuve en Scène 2025, Annonce, Villeneuve-lez-Avignon

Prendre l’air à Villeneuve en Scène !

Léna Martinelli
Les Trois Coups

Exigeante et accessible, la programmation de Villeneuve en Scène privilégie les formes atypiques, cirque, théâtre en plein air et autres propositions hors les murs. Il suffit de passer le pont et se laisser embarquer par ces écritures itinérantes (et singulières) ! La 29édition se déroule du 8 au 20 juillet (relâche le 14 juillet). On y sera (beaucoup).

Loin de l’agitation intra-muros, Villeneuve en Scène invite à se poser. Bulle d’oxygène, lieu de découvertes et de rencontres, ce « jardin du festival d’Avignon » est un carrefour de création où se retrouvent arts de la rue et du cirque, danse et théâtre. 11 compagnies donneront 150 représentations. Équilibrée dans les formats, avec des spectacles sous chapiteau ou en plein air, dont plusieurs en déambulation, variée dans les esthétiques et les démarches, cette programmation particulièrement inspirée devrait plaire à un large public.

Des expériences fortes en émotions

Villeneuve en Scène est une escapade propice à l’éclosion de la poésie et au partage des émotions. « Dans le cadre naturel de la Plaine de l’Abbaye, il offre avec exigence un pas de côté, souvent merveilleux, parfois engagé mais toujours festif. Nous souhaitons que chacun puisse trouver sa part dans les diverses propositions : les jeunes générations comme les autres, les festivaliers d’Avignon comme les locaux, les abonnés comme les occasionnels », précise Brice Albernhe, le directeur.

Pleinement inscrit dans le paysage culturel du territoire, Villeneuve en Scène assure à tout un chacun une meilleure accessibilité́ au spectacle vivant, au service de la démocratisation culturelle. Les tarifs d’entrée font partie des plus bas du festival d’Avignon. L’offre de billetterie s’adapte à chacun dont, notamment un Pass Agglo, un tarif réduit pour les publics se rendant au festival en bus, et d’autres à destination de partenaires. Ainsi le festival est un évènement populaire qui se positionne dans une démarche d’inclusion des publics.

Et les professionnels le plébiscitent. Rare structure portée par la ville de Villeneuve-lez-Avignon, financée par l’État, les collectivités territoriales et des partenaires privés, Villeneuve en Scène se positionne comme un véritable espace d’accompagnement à la diffusion. Ses moyens se concentrent sur la prise en charge directe et équitable des frais d’accueil des compagnies et le reversement intégral des recettes de billetterie. Relevons également une collaboration fructueuse avec le Festival d’Avignon IN (coprogrammation de Prélude de Pan et de la Lettre).

Du cirque, encore du cirque !

La cie Rasposo nous surprend toujours : dans Hourvari, personnages énigmatiques mais aussi Guignol-acrobate, clown déchu, Pinocchio en métamorphose célèbrent la désobéissance et la prise de risque dans une forme libérée des conventions. Marie Molliens met en scène comme on peint et c’est beau à serrer le cœur (lire la critique de Laura Plas). Complice de cette compagnie, Missy Messy s’apprête, dans son propre spectacle, à flirter avec la mort (Catarina & Missy Messy). Dans une ambiance musicale mexicaine, la lanceuse de couteaux fait son numéro.

Fidèles complices du déséquilibre et du vertige, les deux roues de Solstice (cie Contrepoint) célèbrent l’amour fraternel, entre force et délicatesse, au son du violoncelle. Dans un fin dialogue, la musique donne un souffle fragile au vivant. Poème dansé entre jour et nuit, entre domestique et sauvage, entre animal et humain, Entre chiens et loups (Théâtre du Centaure) met en scène un homme et une femme, quatre chevaux et un chant qui élève, haut, le propos. La puissance évocatrice des mythes !

Si la danse équestre se donne en plein air, le bal se déroule sur la piste. Entrez donc dans la danse ! Au centre, un clown-DJ, six acrobates et deux danseurs commencent à danser, à tourner et à défier l’équilibre à travers des figures et portés acrobatiques. Spectacle de cirque à voir et à danser, En attendant le grand soir (Le Doux Supplice) est une ode au vivre ensemble, celle qui nous fait accéder au doux vertige du bal (lire la critique de Léna Martinelli).

Tout aussi virevoltant, mais plus rebelle, une troupe de dix interprètes (cie Maurice et les autres) s’empare avec force et humour de Carmen, l’un des opéras les plus populaires. Entre théâtre de tréteaux, théâtre musical et opéra, les spectateurs passent d’un espace de jeu à l’autre, comme autant de lieux de représentations à ciel ouvert : « L ’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser… ». Une envolée revigorante !

L’insolite au rendez-vous

Après le cirque et la musique : le théâtre et le cinéma. D’après une nouvelle de Jean Giono, Prélude de Pan (cie Manger le soleil) narre l’histoire d’un village menacé par un orage, sous les auspices joyeux d’une fête votive. Une traversée en 5 tableaux, autant de haltes au fil d’une balade, depuis le cœur d’un bourg en fête, jusque dans les champs et les bois qui l’entourent. En marche pour repenser le rapport à la terre, sorte de contribution à cette « culture du vivant » que le philosophe Baptiste Morizot appelle de ses vœux. Une forme courte et expérimentale qui tisse la poésie de l’auteur au monde d’aujourd’hui.

Hommage à la vitalité des arts, à présent, avec la Lettre (Milo Rau), qui raconte une histoire émouvante et personnelle du théâtre à travers 20 lieux, du centre communautaire à l’arène de corrida. Autre voyage immobile tout aussi original pour Camera Obscura : la facétieuse cie Nokill livre une séance de cinéma unique, jouée et montée en direct, sans électricité, uniquement grâce à la lumière du jour. Astucieux !

« Prélude de Pan », cie Manger le soleil © Benjamin Le Bellec ; « Tes bras les soirs d’orage » © cie Altraa ; « La lettre », Milo Rau © Christophe Raynaud de Lage

Enfin, pour d’autres expériences marquées du sceau de l’émotion, place à ces deux propositions aux thématiques fortes, entre enjeux intimes et sociétaux, inspirées de vécus. Avec un jeu et un texte saisissant, l’expressionnisme de la musique, des marionnettes, ainsi que du théâtre d’objet, Cyrille Atlan (cie Les Atlantes ; Henriette ou la fabrique des folles) témoigne de l’enfermement et de l’injustice, celle de son aïeule, Henriette, enfermée dans un asile de 1930 à 1970.

Quant à Tes bras les soirs d’orage (cie Altraa), c’est le récit joué et dansé d’une adoption racontée à deux voix : le père aux bras immenses, la fille avec de l’eau dans les poumons. Un moment de douceur en perspective : « L’adoption, c’est un peu comme une greffe sur le cœur » (lire la critique de Stéphanie Ruffier).

Léna Martinelli


Du 8 au 20 juillet 2025
2, rue de la République • 30400 Villeneuve-lez-Avignon
Site du festival
Plaine de l’Abbaye • av. Charles de Gaulle
École Montolivet • 5, rue de Montolivet
Cloître de la Collégiale / Placé du Cloître • 1, rue de la République
La Chartreuse • 58, rue de la République
De 7 € à 30 €
Réservations : 04 32 75 15 95 ou en ligne • Billetterie de la Plaine de l’Abbaye tous les jours : 10-22 heures (sauf les 7 et 14 juillet : 10-18 heures) • Billetterie du centre-ville, Place Saint-Marc du lundi au vendredi : 10-13 heures
Toute la programmation ici
Infos pratiques ici
Dans le cadre du Festival Off Avignon
Plus d’infos ici
À découvrir sur Les Trois Coups :
☛ « Bluff ! », cie Au-delà du bleu, Villeneuve en Scène 2024, par Léna Martinelli
☛ « Lévitation », 100 Issues, Villeneuve en Scène 2024, par Léna Martinelli
☛ « Le Royaume De Kensuké », Tréteaux De France, Villeneuve en Scène 2024, par Léna Martinelli
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Photo de une :  © Villeneuve en scène

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