« Vivons d’un rien », parlons de tout
Par Céline Doukhan
Les Trois Coups
C’est une des joies d’Avignon : se faire surprendre par des gens qu’on n’attendait pas. Le chanteur Pascal Mary est de ceux-là.
Vous ne connaissez pas Pascal Mary ? Rassurez-vous, mon lecteur Windows Media® non plus. « Artiste inconnu », affiche-t-il lorsque j’insère ma dernière acquisition, le C.D. Vivons d’un rien. La bonne nouvelle, c’est que de votre côté, vous avez tout loisir de combler cette lacune en vous rendant au Théâtre de l’Ange pour découvrir cet auteur-compositeur-interprète qui vaut vraiment le détour.
Première qualité de ce spectacle : il est foncièrement honnête, direct. Tout seul à son piano, tout proche des spectateurs, l’artiste n’a d’autres armes que sa musique, ses textes et sa voix. Et il relève merveilleusement le défi, conquérant chanson après chanson l’estime de spectateurs qui, pour beaucoup, semblent le découvrir.
Connivence avec le public
Sa voix est assurée, toujours juste, chaleureuse, avec un vibrato délicat. Juste ce qu’il faut, avec une économie de moyens qui fait très heureusement ressortir le texte. Les amateurs de vocalises, cris et improvisations échevelées en seront pour leurs frais, mais les autres apprécieront cette simplicité qui n’exclut jamais l’émotion ni le rire.
En effet, on s’aperçoit rapidement, avec le plaisir croissant, que le chanteur a un registre vocal et musical étendu, de la chanson « de rupture » à la satire de la rentabilité à tout prix (Plus qu’avant) en passant par la peinture mordante d’épisodes du quotidien, un peu dans le style de Bénabar. On serait bien tenté ici de citer quelques lignes du saignant Joyeux Noël, qui taille un sacré short à cette sacro-sainte institution, mais ce serait ne rendre qu’imparfaitement justice à l’art complet de Pascal Mary, qui est aussi un mélodiste raffiné.
Enfin, l’artiste établit avec aisance une connivence avec le public par de courtes adresses qui introduisent les chansons. Pour ce faire, il utilise souvent le registre comique, mais n’en préserve pas moins une approche sensible de sujets plus sérieux. Et quand le public le rappelle, il a le mérite de ne pas choisir la facilité puisqu’il propose un air mélancolique sur la mort, ou plutôt les morts, qui « nous apprennent à vivre ». Une heure aura ainsi suffi pour découvrir de nombreuses facettes d’un artiste à qui l’on souhaite, n’en déplaise à mon lecteur Windows Media®, de ne plus rester inconnu. ¶
Céline Doukhan
Lire aussi Portrait de Pascal Mary, chanteur (par Céline Doukhan)
Vivons d’un rien, Pascal Mary en concert
Avec : Pascal Mary
Réservations : 04 90 39 40 59 | 06 72 01 61 85
Du 8 au 31 juillet 2011 à 12 h 20
Durée : 1 heure
16 € | 11 €