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« Et Dieu ne pesait pas lourd », de Dieudonné Niangouna, par Frédéric Fisbach, Festival des Francophonies, Théâtre de l’Union à Limoges

Et-dieu-ne-pesait-pas-lourd-Dieudonné-Niangouna-Frédéric-Fisbach

Nitroglycérine d’un verbe mythomane

Par Laura Plas
Les Trois Coups

Frédéric Fisbach met en scène et interprète « Et Dieu ne pesait pas lourd » de Dieudonné Niangouna. Une performance forte qui porte la langue à incandescence et laisse le spectateur perdu comme dans un bon polar, chahuté par la force explosive des mots.

Et Dieu ne pesait pas lourd naît en 2014 d’une demande que formule le metteur en scène et comédien Frédéric Fisbach à l’écrivain Dieudonné Niangouna : écrire un texte qui exprimerait leur colère commune face aux désordres du monde. Le résultat est un texte magnifique qui, à lui seul, vaudrait le déplacement.

Soliloque mythomane et enfiévré, la diatribe du personnage d’Anton tient en effet, du poème par son travail sur les rythmes et frottements des mots (des plus ciselés au plus triviaux). D’ailleurs, les pulsations de la musique le soulignent avec une grande justesse : le beat cogne et remue, comme les mots.

Lost in wor(l)ds

La pièce s’apparente aussi à un polar retors. Où est Anton ? De qui est-il prisonnier ? Et que lui est-il arrivé ? Difficile de répondre à ces questions. La narration est trouée, le discours enfiévré d’Anton nous égare à tel point que l’on en vient à se demander s’il n’est pas mythomane. C’est donc seulement à l’extrême fin du spectacle que l’on recompose les pièces du puzzle. Restent, cependant et heureusement, des interstices : la place du spectateur qui aura accepté de ne pas tout comprendre ?

Frédéric Fisbach a retravaillé la pièce, avec l’aide de Charlotte Farcet, accentuant peut-être ainsi la densité du propos. Ce travail permet, en tout cas, à l’acteur-metteur en scène de se coltiner au verbe de Dieudonné Niangouna. Vociférant, jouant de son corps comme un boxeur, Frédéric Fisbach prend les coups du monde en pleine gueule. Il révèle, en outre, différentes couleurs du texte : l’éloge, la rage, dérision… C’est pourquoi, si Anton est un comédien raté (peut-être), Frédéric Fisbach signe, lui, une vraie performance.

Cette dernière, enfin, est mise en valeur par une scénographie à la fois dépouillée et pleine de ressources. Le travail sur la lumière et les ombres, en particulier, s’intègre à la partition textuelle. La mobilité du décor, quant à elle, autorise quelques interludes salutaires, car on risque d’être largué dans la tempête des mots. En effet, il n’y a presque rien au plateau : rien de trop pour que place soit faite à l’alchimie dangereuse du verbe. 

Laura Plas


Et Dieu ne pesait pas lourd, de Dieudonné Niangouna

Le texte est édité chez Les Solitaires Intempestifs

Le spectacle est présenté dans le cadre du festival des Francophonies

Mise en scène : Frédéric Fisbach

Avec : Frédéric Fisbach

Durée : 1 h 20

À partir de 14 ans

Teaser vidéo

Photo : © Simon Gosselin

Théâtre de l’Union • 20, rue des Coopérateurs • 87006 Limoges

Site du théâtre

Le mardi 2 octobre 2018 à 20 h 30

De 7 € à 22 €

Réservations : 05 55 79 90 00 et 05 55 32 44 20

Tournée

Les 15 et 16 novembre 2018, au Théâtre Joliette, à Marseille (13)


À découvrir sur Les Trois Coups :

Nkenguegi, Dieudonné Niangouna, par Marion Le Nevet

Trois Contes d’Afrique, de Jean-Paul Delore, par Trina Mounier

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