« À nos enfants [train fantôme] », de Nicolas Struve, Théâtre Gérard‑Philipe à Saint‑Denis

Plateau, maudit plateau !

Par Élisabeth Hennebert
Les Trois Coups

Quand l’écriture collective se transforme en ramasse-miettes balayant les scories de l’existence, la déception est au rendez-vous.

Deux couples, en vacances avec leurs enfants dans un village, parlent de tout et de rien (de rien surtout), évoquent des souvenirs sous forme de films longs comme la mort, s’occupent mollement des gamins et préparent un spectacle pour le bal du 14‑Juillet communal, histoire de montrer à ces messieurs les ploucs (la voix off annonçant les festivités force bien lourdement le trait) que les Parigots ne sont pas tous des têtes de veaux. Voici pour la trame.

Cette représentation n’est pas vraiment un spectacle, mais une liste de toutes les idées qui auraient pu être bonnes à partir du très maigre fil conducteur. Sur 125 longues minutes d’À nos enfants, deux ou trois temps de grâce surnagent, et c’est à peu près tout. Très bien vu : la rencontre amoureuse cucul entre deux godiches ; la parodie de séance chez le psy avec des enfants énurétiques ; le moment de solitude de mère de famille face à sa progéniture ingrate et déchaînée à l’heure du dîner coquillettes. On ne peut pas déclarer qu’il n’y ait rien dans cette pièce : c’est déjà quelque chose quand tant d’autres œuvres actuelles ne savent pas quoi dire et le disent mal. Mais les idées, même bonnes, requièrent d’être dosées, liées entre elles par une progression quelconque.

L’écriture de plateau, à la mode de nos jours, peut, sur certains sujets s’avérer d’une grande fécondité, enrichissant l’expérience personnelle du dramaturge par les vécus divers de ses comédiens et coauteurs. Mais il faut une main de fer dans un gant de velours pour resserrer les discours multiples et limiter l’émiettement des points de vue, les possibilités de digressions à l’infini. Nicolas Struve est modeste, peut‑être trop, en fait. Il est démocrate alors qu’il devrait être autocrate. De même dans la direction d’acteurs, il pourrait exiger plus de nervosité. Faute de quoi, la parole prend son temps, laisse des blancs (un gadget à la mode de plus), et le quotidien décrit par les comédiens est encore plus insipide que la vraie vie : double peine pour le spectateur ! 

Élisabeth Hennebert


À nos enfants (train fantôme), écriture collective à partir d’une conception de Nicolas Struve

Cie L’Oubli des cerisiers

https://www.oublidescerisiers.fr/

Écriture collective de Nicolas Struve, Farid Bouzenad, Adama Diop, Philippe Frécon, Gaëlle Le Courtois, Dominique Parent, Stéphanie Schwartzbrod

Conception et mise en scène : Nicolas Struve

Avec : Farid Bouzenad, Gaëlle Le Courtois, Dominique Parent, Stéphanie Schwartzbrod

Scénographie : Sarah Lelièvre assistée de Louise Vacher

Lumière : Pierre Gaillardot

Costumes : Sarah Lefèvre, Mathilde Ozanam

Vidéo : Alejandra Rojo

Chansons : Armelle Dumoulin

Photos : © Anne Sendik

Théâtre Gérard‑Philipe • 59, boulevard Jules‑Guesde • 93207 Saint‑Denis

www.theatregerardphilipe.com

Réservations : 01 48 13 70 00

Métro : Saint‑Denis‑Basilique (ligne 13) ou R.E.R. D Saint‑Denis

Jusqu’au 12 mars 2017 : du lundi au samedi, à 20 heures, le dimanche à 15 h 30, relâche le mardi

Tarifs : 23 €, 17 €, 12 €, 6 €

Durée : 2 h 5

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