« Clairière », d’Émilie Flacher, Théâtre Nouvelle Génération à Lyon

« Clairière » © David Anemian

Un monde de douceur

Par Trina Mounier
Les Trois Coups

Avec « Clairière », un spectacle pour enfants à partir de sept ans, Émilie Flacher a conçu une promenade en forêt, ou plutôt des promenades dans des forêts, de celles qui permettent de grandir, de franchir des étapes, de quitter un monde pour un autre…

Même s’il est joué sur une petite scène ramenée aux dimensions d’un monde imaginaire fait de tissus et de cartons, Clairière fait se croiser des histoires parallèles qui se ressemblent et se répondent : celle de la narratrice et metteuse en scène Émilie Flacher, incarnée sur le plateau par la comédienne Agnès Oudot, et celle d’Ourse. Cette petite fille aux oreilles d’ours n’est pas sans rappeler Boucles d’or qui, comme elle, doit essayer une chaise, une table et un lit qui ne lui appartiennent pas.

La première histoire raconte l’aventure d’une adulte qui se retrouve en plein milieu de la forêt au cœur de la nuit après que sa voiture a rendu l’âme. Épreuve qui ranime des peurs d’enfant… mais qu’elle va surmonter vaillamment à l’aide de sa lampe de poche, qui lui permettra de découvrir la vie cachée des bois. Au petit matin, de retour chez elle, accueillie avec tendresse mais sans démonstration particulière, elle comprendra que personne ne s’est vraiment fait de souci. Elle est forte et autour d’elle, on lui fait confiance. Dans ce rôle, Agnès Oudot, toujours en adresse aux spectateurs, se montre une excellente conteuse : claire, légère, drôle. La complicité avec Virginie Gaillard est sensible et surtout efficace : le récit serpente de l’une à l’autre avec aisance.

La seconde se déroule à l’échelle d’une vie, fût-elle brève, celle d’une enfant à laquelle le jeune public peut s’identifier. Sa forêt à elle, c’est le désir de quitter le cocon familial, pourtant confortable, pour aller à l’école et avoir des camarades de son âge. De quitter une maison isolée en pleine campagne pour trouver un lotissement avec des enfants fort habitués à la réalité collective.

« Clairière » © David Anemian
« Clairière » © David Anemian

L’art de la métonymie

Ensemble, les deux actrices marionnettistes construisent sous nos yeux à l’aide de grands tapis de feutre une clairière, des arbres, des fleurs, des champs, une rivière et les peuplent de petites maisons en bois qu’elles déplacent au fur et à mesure. Décor doux, délicat et surtout extrêmement mobile et évolutif. Ourse, cette fois, est une marionnette, bien plus petite que les comédiennes, mais plus grande que les habitations. Ces changements d’échelle passent comme une lettre à la poste. C’est magique ! C’est du théâtre !

D’autant que la dextérité des deux marionnettistes est remarquable : elles s’y mettent à deux pour manipuler Ourse, mais le résultat est le fruit d’une longue observation qui rend l’ensemble très réaliste tout en se parant des couleurs du conte. Sa démarche, ses mimiques, sont celles d’un jeune enfant. On croirait la voir respirer…

Il faut enfin saluer l’univers plastique conçu par Émilie Flacher, à la fois très vivant et d’une grande douceur. Fait d’éléments mobiles, il autorise Ourse elle-même à s’y lover, s’y cacher, s’y faire un nid, et cela paraît bien agréable de séjourner dans cette clairière aux mille recoins douillets et intimes.

Clairière se présente comme un conte et son message pourrait se résumer à « N’aie pas peur, le monde est plein de merveilles ». C’est une incontestable réussite. 

Trina Mounier


Clairière, d’Émilie Flacher

Écriture au plateau et mise en scène : Émilie Flacher

Dramaturgie : Élise Blaché

Actrices marionnettistes : Agnès Oudot, Virginie Gaillard

Marionnettes et univers plastique : Émilie Flacher

Construction : Emmeline Beaussier, Pierre Josserand, Florie Bel

Costumes : Julie‑Lola Lanteri

Photos : © David Anemian

Production : Cie Arnica

Coproduction : Théâtre Nouvelle Génération-C.D.N. de Lyon, Théâtre de Bourg-en‑Bresse, Théâtre la Mouche à Saint‑Genis‑Laval, Théâtre Massalia à Marseille

Partenaires de création : théâtre le Toboggan à Décines, Théâtre de Die, centre culturel Aragon d’Oyonnax

Avec le soutien de la région Auvergne ‑ Rhône‑Alpes dans le cadre de l’A.P.S.V.

T.N.G. • 23, rue de Bourgogne • 69009 Lyon

04 72 53 15 15

www.tng-lyon.fr

Du 16 au 22 janvier 2017, lundi, mardi et jeudi en scolaires à 10 heures et 14 h 30 ; samedi à 15 heures et 20 heures, dimanche à 16 heures

Durée : 1 heure

De 5 € à 18 €

Tournée :

  • Du 14 au 18 mars 2017 au Théâtre de Bourg-en‑Bresse (01)
  • Du 23 au 26 mars 2017 au Théâtre Massalia (13)
  • Les 4 et 5 avril 2017 au Théâtre la Mouche à Saint‑Genis‑Laval (69)
  • Le 5 mai 2017 au théâtre le Toboggan à Décines (69)

À propos de l'auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Du coup, vous aimerez aussi...

Pour en découvrir plus
Catégories