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Festival Régénération 2015, Théâtre Nouvelle Génération à Lyon

« Hansel et Grétel » © Mirko Isaia

Éclats de festival

Par Trina Mounier
Les Trois Coups

Avec cette neuvième édition du festival Régénération créé par Nino D’Introna et promis à disparaître avec le changement de directeur du Théâtre Nouvelle Génération, une page se tourne. Sans préjuger des futurs choix de Joris Mathieu et de Céline Le Roux pour ce théâtre intergénérationnel, on peut d’ores et déjà le regretter.

Ce festival offrait pendant une semaine leur chance à de jeunes compagnies de France et d’Europe, parfois même d’ailleurs. Elles y trouvaient (on peut parler à l’imparfait puisque ce festival en est à sa dernière journée…) une scène et un public. Et celui-ci pouvait rencontrer de jeunes auteurs, des metteurs en scène différents, des formes surprenantes, en un mot la création dédiée au jeune public à l’instant T.

Sur les 13 spectacles présentés (il y avait non seulement du théâtre, mais aussi du cirque, de la marionnette…), nous n’en avons vu que trois : Dot, des Espagnols du Maduixa Teatre, le Vaillant Soldat de plomb des Allemands de Thalias Kompagnons, Hansel et Gretel des Italiens de la Fondazione Teatro Ragazzi e Giovani O.N.L.U.S. Une sélection dans un éventail très ouvert des propositions théâtrales aujourd’hui.

Dot

Dot est un spectacle pour les tout-petits à partir de quatre ans. Sans paroles ou presque, il fait appel à la danse, à la musique et surtout aux couleurs avec lesquelles Ezequiel Gil et Laia Sorribes vont jouer pendant une petite heure, les faisant surgir et disparaître, façonner des univers (la transparence de l’eau par exemple). La réussite doit beaucoup à l’ingéniosité du créateur lumières Juan Pablo Mendiola, du dessinateur-décorateur Joan Santacreu et de Nirvana Imatge à la vidéo. Voir des taches de couleur poursuivre les acteurs ou apparaître dans leur main comme s’ils étaient magiciens a enchanté les enfants ravis de cette récréation plastique un peu trop abstraite à mon goût.

Le Vaillant Soldat de plomb

Tout autre est le Vaillant Soldat de plomb qui s’appuie sur le conte d’Andersen, même si c’est pour mieux s’en détourner. Ce spectacle est une petite merveille, un joyau délicat et sensible tout droit sorti des doigts de Joachim Torbahn. Ce peintre conteur interprète, vêtu d’une blouse grise assortie au tableau noir (en réalité une toile de plastique transparent), va dessiner des soldats de plomb, son héros unijambiste, la place d’armes, le village avec ses arbres, son clocher, ses maisons, sa rivière à l’aide de simples tampons enduits de peinture. Bizarrement, tout ce temps utilisé à la représentation graphique s’écoule comme par magie, tant il met de plaisir à faire naître sous nos yeux un univers de livre d’images. Puis, pour montrer la détermination et l’enthousiasme du soldat à conquérir une ballerine, il se lance dans un grand gribouillage, comme une formidable insolence récréative. Son soldat qui voyage beaucoup prend au passage quelques traits de Nils Olgerson. Le dessin évoque Chagall et ses perspectives folles, l’imagination et l’humour se côtoient (ah le poisson qui passe directement de la mer à l’assiette, et l’ours Gricha au terrible grognement qui s’avère n’être qu’un nounours en peluche !…). Quant à la fin de l’histoire, elle explose dans un embrasement amoureux que l’auteur danois était loin de prévoir… La relation que tisse Joachim Torbahn avec les petits spectateurs est le cœur de ce moment de grâce, sans contexte un des plus beaux du festival.

Hansel et Gretel

Quant aux Italiens Pasquale Buonarota et Alessandro Pisci, ils nous proposent un condensé d’inventivité comme à leur habitude. Ici, le conte de Grimm est raconté par deux vieux marionnettistes poussiéreux qui occupent leur temps à se chamailler comme deux frères. Ces deux clowns impayables à la dégaine de Charlot multiplient les gags, glissant avec désinvolture du rôle de celui qui tire les ficelles à celui de Hansel ou Gretel, en passant par leurs parents, le père bonhomme et la méchante marâtre. Ils évoquent la fable sans jamais la raconter vraiment, semant de-ci de-là des clins d’œil (l’ogresse n’est jamais montrée comme telle, mais nos deux héros affamés dévorent à belles dents des figurines de papier). C’est vif, plein de surprises, très drôle et impeccablement joué. 

Trina Mounier


Festival Régénération

Théâtre Nouvelle Génération • 23, rue de Bourgogne • 69009 Lyon

Réservations : 04 72 53 15 15

www.tng-lyon.fr

Du 10 au 16 janvier 2015

Photo de « Hansel et Gretel » : © Mirko Isaia

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