Edwige Bourdy, un arc‐en‐ciel d’émotions
Par Vincent Cambier
Les Trois Coups
Les tracts, cette fois‑ci, disaient la vérité : dans cette jolie salle de la Luna-Buffon nichait bien un oiseau rare. Oiseau dont j’avais découvert son ancienne cachette, l’année dernière, au Théâtre du Bourg-Neuf dans « Dubas de haut en bas ». En fait, ce bel oiseau chatoyant se révèle carrément exceptionnel.
L’histoire est simple et efficace. Car la dramaturgie – remarquable travail de Caroline Loeb et d’Yves Coudray – existe : ce n’est pas un simple tour de chant. Arlette (Edwige Bourdy) doit auditionner ce soir devant un grand producteur. Elle a besoin de décrocher ce contrat, Arlette. Elle est sans boulot, donc sans argent. Elle galère sec, quoi. Et, apparemment, depuis longtemps. Parce qu’elle a pas de talent ? Oh, non ! Plutôt parce qu’elle a une grande gueule et que, sa formidable franchise aidant, elle y met pas les formes. C’est une pipelette de ses enthousiasmes ou de ses déceptions, cette femme-là. Forcément, dans ce monde de faux-culs, ça agace. Bref, c’est un peu son quitte ou double, à Arlette.
Edwige Bourdy maîtrise ce spectacle taillé à sa démesure de bout en bout. Elle s’ébroue dans cet hommage au music-hall et à la comédie musicale comme un poisson dans l’eau. Cette soprano lyrique fait feu de mille voix, embrase le répertoire, brûle le plateau et chauffe le public. Elle dompte la scène du fouet de son charme. Immense. Et elle séduit autant par son sens de l’humour que par la tendresse de son cœur. Elle est capable de nous faire pleurer en racontant, par exemple, le marathon humiliant des auditions ratées, qui poissent toute la peau d’amertume. Mais elle est tout aussi capable de nous faire rire. Car elle a l’humour tatoué sur l’épiderme. C’est un arc-en‑ciel d’émotions, la Bourdy. La scène de théâtre, c’est là qu’elle est née.
Et la comédienne chanteuse pourrait donner encore beaucoup plus et le spectacle serait encore plus dynamique si son partenaire était à la même hauteur de jeu. Or Gilles Baissette reste un peu froid devant cette belle tornade sensuelle. C’est incompréhensible !
Néanmoins, la mise en scène, la direction d’acteur et les lumières de Caroline Loeb ont l’intelligence suprême de coudre à la main un écrin moelleux et solide au bijou Edwige Bourdy, qui peut briller ainsi de tout son éclat. ¶
Vincent Cambier
l’Oiseau rare
Arts et spectacles Production • 100, quai de la Rapée • 75012 Paris
01 43 40 63 60
Colette Cohen : 06 08 45 32 03
arts-spectacles-prod@wanadoo.fr
Frédérique Machy : 06 79 21 59 82
Conception, mise en scène et lumières : Caroline Loeb
Textes : Yves Coudray, sur une idée de Caroline Loeb
Avec : Edwige Bourdy (soprano) et Gilles Baissette (piano)
Arrangements musicaux : Gilles Baissette
Chorégraphie : Philippe Chevalier
Costumes : Sylvie Pensa
La Luna-Buffon • 18, rue Buffon • Avignon
Réservations : 06 82 29 76 46
Du 6 au 28 juillet 2007 à 12 heures
Durée : 1 h 15
15 € et 11 €