Un joli départ !
Par Isabelle Jouve
Les Trois Coups
Juliette Gréco s’est arrêtée pour une représentation au Théâtre de la Ville de Paris dans le cadre de sa tournée d’adieux. Toujours aussi mutine, cette immense dame de la chanson sait partir joliment.
Le 24 avril dernier, Juliette Gréco a entamé au Printemps de Bourges sa toute dernière tournée intitulée Merci. Pendant un an, elle va sillonner quatre continents. Elle souhaite repasser par tous les lieux emblématiques de sa carrière débutée en 1949. Toute une vie sur scène. Le 7 février 2016, elle était sur les planches du Théâtre de la Ville. Il faut dire que cette date n’a pas été choisie au hasard. Mme Gréco fêtait dignement ses quatre‑vingt‑neuf printemps. Un vrai bonheur pour une salle pleine d’admirateurs amoureux de son talent.
Accompagnée au piano par le célèbre Gérard Jouannest (son mari à la ville) et à l’accordéon par le talentueux Jean‑Louis Matinier, Juliette Gréco commence sa « ballade à l’envers » comme elle l’appelle par Non monsieur, je n’ai pas vingt ans. Dès cette première phrase chantée avec humour, les spectateurs applaudissent. Ils sont prêts pour une heure quinze de voyage. Gréco va rendre hommage à quelques-uns des grands artistes qui ont croisé son chemin : Serge Gainsbourg, Jacques Brel, Léo Ferré, Boris Vian, Raymond Queneau et d’autres avec Un petit poisson, un petit oiseau, la Chanson des vieux amants, Paris canaille, Accordéon, la Javanaise, Ne me quitte pas, Il n’y a plus d’après, Amsterdam, Avec le temps, J’arrive, etc. Une vingtaine de titres en tout.
Elle joue avec le public
Dans une récent interview, l’artiste avait confié : « Je n’ai pas envie de monter sur scène en boitant. Je ne veux pas que cela devienne un effort. C’est une question de courtoisie, de dignité. […] Je veux partir debout. Je ne voudrais pas faire pitié. J’ai horreur de ça. […] Je dis non à ce qui m’est le plus cher, à quelque chose d’essentiel pour moi, mais je veux partir debout, avec le plus d’élégance possible. ». Eh bien, une chose est sûre, la grande Gréco est loin de faire pitié. Fermement campée sur ses jambes, son regard noir, tour à tour coquin, langoureux, dramatique ou joyeux défie le temps. Sa silhouette élégante enveloppée d’une longue robe de velours noir aussi. Elle joue avec le public. Elle lui donne tout ce qu’elle a car elle se sait aimée. Au milieu du spectacle, elle annonce : « Je ne devrais pas la chanter, je sais, je sais mais je vais le faire. ». Voilà que les premières notes s’envolent. Tonnerre d’applaudissements. La voix suave de Juliette susurre alors : « Déshabillez-moi… ». Le public trépigne. C’est sur cette même scène qu’elle avait créé cette chanson en 1968. C’est dire !
Le tour de chant se termine par Merci de Christophe Miossec et Gérard Jouannest. Juliette Gréco se retrouve sous une pluie de pétales rouges qui virevoltent doucement : « Encore une fois,/ Vous dire à quel point je vous aime,/ Je vous suis reconnaissante,/ De tout ce que vous m’avez donné,/ Et puis encore une fois,/ Regarder le rideau se fermer. ». Le rideau se ferme et le public se lève pour entamer « Joyeux anniversaire, Juliette ». Une véritable ovation de plusieurs longues minutes. Plusieurs rappels. La Dame est très émue. Heureuse et émue.
Sa tournée d’adieux reviendra sur la capitale en passant par le Japon et la Grande-Bretagne. Par la suite, Gréco aimerait continuer à enregistrer des disques « si la voix est encore là ». Ou alors, « aller voir du côté du théâtre ». À bon entendeur ! ¶
Isabelle Jouve
Merci, de Juliette Gréco
Chant : Juliette Gréco
Piano : Gérard Jouannest
Accordéon : Jean‑Louis Matinier
Photo : © J.‑M. Lubrano
Théâtre de la Ville • 2, place du Châtelet • 75004 Paris
Réservations : 01 42 74 22 77
Site du théâtre : www.theatredelaville-paris.com
Métro : Châtelet
Représentation unique le dimanche 7 février 2016 à 17 heures
Durée : 1 h 15
35 € | 30 € | 26 €
Tournée :
- 16 février 2016 : Abbeville
- 25 février 2016 : Châtel‑Guyon
- 9 mars 2016 : Nîmes
- 10 mars 2016 : Sérignan
- 12 mars 2016 : Saint‑Estève
- 25 mars 2016 : Sausheim
- 2 avril 2016 : Maisons‑Alfort
- 6 avril 2016 : Chenôve
- 17 avril 2016 : Paris
- 3 mai 2016 : Marseille
- 27 mai 2016 : Langres
Une réponse
J’aime beaucoup Madame Gréco et se qu’elle représente.?Mais c’est bien au moins la Quatrième fois qu’elle fait ses adieux. Je l’avais vue il y a une dizaine d’années et à l’époque déjà ce n’était pas terrible.? Ne pouvons nous pas vivre avec le souvenir de prestations extraordinaires de ces géants et éviter ces concerts qui durent mais… durent.