Pas toujours facile
de prendre son envol…
Par Anne Cassou-Noguès
Les Trois Coups
Guy Grimberg crée une comédie musicale inspirée du roman de James Matthew Barrie, « Peter Pan ». On y retrouve Wendy et ses frères, Peter Pan, le petit garçon qui ne voulait pas grandir, sans oublier, bien sûr, le Capitaine Crochet.
Le rideau à paillettes de Bobino s’ouvre sur un écran de cinéma. On découvre ainsi, sous forme de dessin animé, Londres et la maison des Darling, point de départ d’une folle aventure. Tout au long du spectacle, l’écran alterne avec les décors de théâtre, de manière à permettre aux spectateurs de voyager avec les jeunes personnages. Tout est en effet conçu pour nous transporter dans un autre monde. La scénographie est très riche. Sont reconstitués sous les yeux ébahis du jeune public, la chambre des petits bourgeois londoniens, le camp des enfants perdus ou encore le bateau des pirates. Sont donnés à voir également, par le biais du dessin, le ciel et la mer. L’univers tout entier envahit la scène dans un projet ambitieux.
De nombreux personnages
De plus, les comédiens sont nombreux et jouent souvent plusieurs rôles. (Ainsi, Gaëlle Pauly incarne à la fois la sage Madame Darling et la fougueuse Lily la Tigresse.) Tour à tour chanteurs, danseurs et comédiens, ils varient les modes d’expression. Deux scènes retiennent particulièrement l’attention des plus jeunes. Dans la première, Peter Pan apprend à Wendy, John et Michael à voler. Multiples sont à ce moment-là les commentaires étonnés dans la salle. Dans la seconde, Peter Pan affronte le Capitaine Crochet dans un combat à l’épée, plein de dynamisme et d’humour.
Pourtant, malgré cette débauche d’effets et de moyens, le spectacle ne vole pas toujours très haut. Il faut bien reconnaître que le jeu des comédiens manque à l’occasion de finesse. Il est dans tous les cas difficile de faire incarner à des adultes le rôle d’enfants. La tentation est alors grande de bêtifier, d’adopter un ton faussement joyeux et entraînant, parfois franchement agaçant. Il ne suffit pas de faire jouer les personnages de garçons par des jeunes filles menues, ce serait trop simple. La tâche est d’autant plus compliquée pour toutes celles qui prêtent vie aux enfants, que ce soit Wendy, John et Michael ou les enfants perdus, qu’elles doivent également chanter, qu’elles sont donc dotées de micros qui déforment leurs voix et leur ôte toute nuance. Si l’on ajoute qu’elles sont vêtues de costumes censés déguiser leur âge et leur féminité, mais qui les encombrent, on comprend que leur jeu est lourd, voire grossier. Ainsi, les efforts pour transmettre une émotion, une réflexion sur l’enfance et le passage à l’âge adulte, tombent malheureusement à plat.
On ne va pas se mentir. Les enfants passent un excellent moment à Bobino lorsqu’ils assistent à Peter Pan. Mais quelques parents regretteront un certain manque de finesse. Ils en viennent à regarder leurs enfants qui s’amusent au lieu du spectacle. C’est loin d’être une fatalité et, heureusement, le théâtre pour enfants est aujourd’hui plein de ressources, d’inventivité, d’énergie et de subtilité mêlées. ¶
Anne Cassou-Noguès
Lire aussi la critique de Vincent Morch ici.
Peter Pan, de Guy Grimberg, d’après James M. Barrie
Mise en scène : Guy Grimberg
Musique : Serge Leonardi et Martin B. Janssen
Adaptation : Martine Nouvel
Chorégraphie : Johan Nus
Avec : Thibaut Boidin, Delphine Le Moine, Matthieu Brugot, Émilie Vidal, Marie de Oliveira, Sarah Filc, Audrey Fayolle, Marianne Millet, Camille Martinez, Christophe Touraud, Régis Chaussard, Gaëlle Pauly, Deen Abboud, Philippe Ferreira, Sylvain Caruso
Création décors et costume : Guy Grimberg
Réalisation décors : Antoine Jayez et Gille Pennaneac’h
Réalisation costumes : Régina Gothe et Corinne Joubert
Création lumière : Alex Decain
Son : Pierre Cottin
Effets spéciaux : Gérard Rocher
Diffusion vidéo : Pascal Minet
Direction des animations vidéo : Renaud Chabrier
Réalisation décor des animations vidéo : Janis Aussel
Bobino • 20, rue de la Gaîté • 75014 Paris
Réservations : 01 43 27 24 24
Site du théâtre : http://bobino.fr/
À partir du 1er octobre, le samedi et tous les jours des vacances scolaires à 14 heures
Durée : 1 h 30
Tarifs : de 22 € à 37 €