Tous en chœur !
Par Olivier Pansieri
Les Trois Coups
L’Opéra de Rennes propose une nouvelle formule de concerts. Il invite les spectateurs à chanter avec les artistes des refrains dont le texte leur a été remis. Pari risqué mais gagné, alors que ce premier florilège avait de quoi faire frémir le plus chevronné des choristes. Qui a dit que les Français ne savaient pas chanter ?
Hélène Peyrat, la cheffe de chant, accompagnait au piano ce concert périlleux assuré par Xavier Ribes, le directeur musical du Chœur d’Angers Nantes Opéra, lequel a pu montrer son savoir-faire. Ce chef, d’une bonne humeur communicative, a dirigé ses chanteurs et tout aussi efficacement ce chœur d’appoint constitué par un public ravi.
Alain Surrans, l’ancien directeur de l’Opéra de Rennes, présentera toute l’année ces concerts participatifs dont il a eu l’idée. Pour ce premier de la série, Volubile, Mathieu Rietzler, son successeur à la tête de l’Opéra de Rennes, passait en copain dire bonsoir. Ambiance décontractée pour ces tours de chant qui pourtant étaient parfois des tours de force.
Je pense à « L’Arithmétique » (Tiqueu-tiqueu-tiqueu) issu de L’Enfant et les sortilèges de Maurice Ravel, piaillé à la perfection par Bo Sung Kim. Je pense aussi au redoutable « Supercalifragilisticexpialidocious » de Mary Poppins ou au désopilant « Cresoxipropanédiol en capsule » de Jean Yanne, deux friandises que la soprano Edwige Bourdy eut la gentillesse de chanter assez lentement pour que le public puisse l’accompagner, ou simplement savourer le texte.
Edwige Bourdy, le charme
Pour ce récital à la bonne franquette, Edwige Bourdy avait tout de même revêtu une tenue rappelant le French cancan, Offenbach oblige. La dame s’est très logiquement taillé un franc succès dans La Vie Parisienne, la salle reprenant toute contente son inoxydable « Froufrou », puis le galop d’Orphée aux enfers mais aussi cette pépite plus rare : « Je coûte cher » de Boris Vian.
Après chaque air, la soliste s’esquivait pour céder la place à ses camarades. Ce fut d’abord une « Ronde » de Ravel rendue remarquablement par Gersende Gilbert Dezitter et Yaël Pachet, en canon avec Mikaël Weill et Jean-François Laroussaire. Puis un trépidant « À bout de souffle » de Claude Nougaro interprété et adapté par Benoît Duc qu’on salue.
Le chant, une affaire de famille
Ce double hommage, comme le soulignait Alain Surrans avec malice, nous rappelle que Pierre Nougaro, le père du chanteur, fut lui-même directeur de l’Opéra de Rennes pendant une dizaine d’années. Et le chant est une affaire de famille, si l’on en juge par les enfants venus avec leurs parents.
Bref, on a découvert le Chœur, ce personnage principal relégué souvent à l’arrière-plan alors qu’il réunit tous les talents possibles, dont celui de réaliser ces exploits deux fois de suite dans la même soirée, le lendemain à Nantes et le surlendemain à Angers. Des voix puissantes, fluctuantes, plaisantes, qu’on aura plaisir à retrouver : prochain concert le 5 décembre. Nous avons donc tout juste le temps de nous entraîner. ¶
Olivier Pansieri
Volubile, de Georges Bizet, Maurice Ravel, Jacques Offenbach, Claude Nougaro, Giuseppe Verdi, Boris Vian, Jean Yanne, Ouvrard, Richard et Robert Sherman
Dans le cadre des concerts d’une heure : « Ça va mieux en le chantant »
Direction : Xavier Ribes
Piano : Hélène Peyrat
Initiateur et présentateur : Alain Surrans
Soliste invitée : Edwige Bourdy
Avec le Chœur d’Angers Nantes Opéra et les solistes : Antoine Albuquerque, Benoît Duc, Bo Sung Kim, Gersende Gilbert Dezitter, Jean-François Laroussaire, Mikaël Weil, Yaël Pachet
À ceux qui hésiteraient à se lancer, un atelier chant est proposé quelques semaines avant le concert.
Concert retransmis en direct sur le site de l’Opéra de Rennes et la web-tv de l’Université Rennes-2
Durée : 1 heure
Opéra de Rennes • Place de la Mairie • 35000 Rennes
Mardi 16 octobre à 18 et 20 heures
Prix : 4 €
Réservations : 02 23 62 28 28
« Volubile » © Mathilde Champroux