Le festival Supernova plus que jamais dédié à l’émergence
Vous semblez très attachée à ce festival !
Absolument, Supernova représente l’ADN de notre projet. Initié par le précédent directeur, Sébastien Bournac, ce festival a accompagné les débuts de beaucoup d’artistes qui font le théâtre d’aujourd’hui (Baptiste Amann, d’ailleurs fraîchement lauréat du Grand Prix littérature dramatique, Marion Siéfert, MégaSuperThéâtre …).
« Une pièce sous influences » © Virginie Meigne ; « Annette » © Laurent Poma ; Boum © DJ Louis Louis
Afin de célébrer comme il se doit cet anniversaire, on a concocté une édition audacieuse et flamboyante, en complicité avec nos partenaires. Une plongée dans l’effervescence de la création contemporaine, mais aussi des projets en cours à découvrir, des lectures à voir et à entendre, des rencontres-débats et des soirées de fête. Le week-end du 21-22 novembre est le temps fort, avec pas moins de 6 propositions. L’occasion pour les programmateurs de venir nous rendre visite. Notre mission : offrir une visibilité la plus large possible auprès de tous les publics, dont les professionnels.
Les femmes sont particulièrement à l’honneur. Pouvez-vous nous les présenter ?
La programmation est effectivement portée à hauteur de 90 % par des créatrices qui questionnent notre monde dans des spectacles sensibles et puissants, à leur image, avec des écritures ou des esthétiques singulières.
Vive (Joséphine Chaffin, Clément Carabédian / Cie Superlune) aborde l’engrenage de l’inceste, violence et silence mêlés, dont est victime une jeune fille, à partir du procès qui juge son bourreau (lire la critique de Trina Mounier).
Annette (Clémentine Colpin / Cie Canicule), Prix SACD et Prix des lycéens du Festival Impatience 2024, propose un autre regard sur la vieillesse, d’après de nombreux entretiens qui convoquent 70 années de récits intimes.
Sans faire de bruit (Louve Reiniche-Larroche, Tal Reuveny / Cie Nachepa), Prix du jury du Festival Impatience 2024, est une enquête intime, sur l’onde de choc d’un drame vécu par une famille, la perte de l’audition (lire la critique de Léna Martinelli).
C’est un réflexe nerveux on n’y peut rien (Louise Herrero, Estelle Rotier / Cie La Mesa Feliz) estune fable politique et crue qui s’empare des codes du bouffon et du burlesque pour dénoncer la violence des injonctions féminines.
Une pièce sous influence (Collectif La Cohue / Sophie Lebrun, Martin Legros) s’inspire du travail du cinéaste John Cassavetes, de son film où une mère doit survivre à la perte de son enfant. J’ai eu un gros coup de cœur pour cette pièce forte, sous forme de huis clos, dans une ambiance de fin de carnaval. Ce spectacle choral lancera magnifiquement le festival.
L’Île aux pères (Liza Machover / Cie Superfamilles) s’interroge sur la vision de la paternité donnée en héritage : pourquoi les pères sont-ils absents ou morts ?
On a failli t’appeler Marthe (Sara Charrier) retrace l’expérience et les relations de la comédienne, fille de paysans catholiques de gauche, homosexuelle. Dans une traversée truculente, elle incarne une galerie de personnages hauts en couleur, un récit original sur les représentations dominantes.
Voler le feu – Anatomie de transition #2 (Collectif offense / Jenny Victoire Charreton / Luz Volckmann) est uneperformance multimédia autour des vécus trans.
Vous annoncez « trois semaines de désordre poétique dans toute la ville ! ». C’est-à-dire ?
Ces compagnies émergentes vont prendre d’assaut les scènes de la ville, de la plus petite à la plus grande, jusqu’en périphérie, afin de nous interpeller, nous émouvoir, nous faire découvrir des formes nouvelles et engagées, avec de vrais partis pris esthétiques. Espace de représentation, la scène est politique. J’assume une ligne militante. Toutefois, je tiens à dire que tous les spectacles, même ceux aux problématiques sociétales les plus dures, sont lumineux et porteurs d’espoir.
Théâtre Sorano © Adrien Laprade ; « Vive » © Julie Cherki ; « Tarpin me manquer » © Chloé Bouiller
On a veillé à adapter chaque lieu, chaque public, à la proposition. Nous espérons que déployée de la sorte sur le territoire, notre programmation permette aux publics de se croiser. Chantiers de création / maquettes, perfs, surprise-party en clôture de festival varient les formats. Plusieurs événements sont gratuits. Cette année, nous mettons en avant les lectures. Nous venons de créer un comité animé par Romane Nicolas, artiste complice, qui lira d’ailleurs un de ses textes en déambulation au Muséum.
Propos recueillis par
Léna Martinelli
Festival Supernova
10e édition, du 12 au 28 novembre 2025
Au Théâtre Sorano et dans les théâtres partenaires (Le Théâtre Garonne, Le centre culturel Bonnefoy, La Fabrique UT2J, le Théâtre Jules Julien, le festival Marionnettissimo, Le Ring, scène périphérique, l’Espace Roguet, le Muséum d’histoire naturelle, les éditions Pôticha, le Théâtre du Pavé, Le Théâtre des Mazades, La Cave Poésie, Le Théâtre du Pont Neuf, le Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse, Le NEUFNEUF Festival)
Programme ici
Théâtre Sorano scène conventionnée d’intérêt national Art et Création • 35, allée Jules Guesde • 31000 Toulouse
Site
Billetterie : en ligne ou par tel. 05 32 09 32 35
Infos pratiques
Photo de une : Karine Chapert © Franck Alix
