« La Guitare », diamant noir
Par Vincent Cambier
Les Trois Coups
Un éblouissant mâcheur de mots brûlants, gorgés de sens, nous conte l’histoire d’un nain bossu « laid… d’une laideur qui fait peur ». Ce nain n’a que deux solutions : « l’état religieux ou le péché solitaire » ! Ce nain va, provisoirement, guérir du malheur de vivre grâce à Linda, sa guitare. Le seul être qui va le faire vibrer d’une joie… désespérée. Avec elle, ce nain décide de s’engager dans la voie de l’art. Voie jonchée de cailloux coupants comme des rasoirs : une guitare, aussi, ça peut mourir…
Ce spectacle s’adresse à nous tous. Nous qui « ne sommes même plus capables de percevoir, sous la mélodie trompeuse du discours, le gémissement d’une âme ».
Le décor métaphorique, construit par Vital Desbrousses, permet toutes les dérives à notre imaginaire. La mise en scène de Jack Percher et les lumières de Pascal Batard ont l’intelligence aiguë de la simplicité.
Le comédien Didier Lastère a été hanté pendant trois ans par le texte somptueux de Michel del Castillo. Ses yeux de noyé nous scrutent, dans l’urgence de nous dire la souffrance, la différence du nain. La différence, notre différence. Souverain de silences bruissant de mille sens, Didier Lastère nous émeut profondément en pariant sur la sobriété. ¶
Vincent Cambier
la Guitare, de Michel del Castillo
Théâtre du Chêne‑Noir à 16 heures
04 90 86 58 11
Tarifs : 100 F et 70 F