« les Bijoux de famille », de Laurent Spielvogel, Théâtre Le Brady à Paris

« les Bijoux de famille » © Lucie Page

Un « je » instable

Par Isabelle Jouve
Les Trois Coups

Laurent Spielvogel, acteur de théâtre, de cinéma et de télévision, a une gueule. Et du talent. Malheureusement, cela ne fait pas tout.

Après douze ans d’absence, Laurent Spielvogel revient seul en scène dans les Bijoux de famille dont il est aussi l’auteur. En vingt tableaux, il nous raconte son enfance, sa famille juive ashkénaze, son homosexualité, son désir d’être acteur, ses rencontres. Bref, tout ce qui l’a construit.

Le spectacle dure une heure dix. Il est donc dommage que la première demi-heure soit si inconsistante. Voire artificielle. Laurent Spielvogel nous parle de sa jeunesse à travers sa famille et à travers lui-même. Et c’est là que le bât blesse. Autant ses parents sont dépeints avec une certaine finesse, autant son propre rôle manque d’ampleur, de consistance, de crédibilité. Il sonne faux et plombe carrément le rythme et les effets comiques. Une vraie caricature. Comme si Laurent Spielvogel n’avait pas eu le recul nécessaire pour se croquer. Il n’aurait pas dû s’encombrer de lui-même, enfant et adolescent. Se raconter à travers les autres était suffisant et beaucoup plus percutant.

La scénographie, ultraminimaliste, n’aide pas non plus à asseoir les personnages. La scène est habillée de grands rideaux noirs. Laurent Spielvogel est lui-même tout de noir vêtu. Seules une étole blanche et une chaise apportent un élément de décor. Cette sobriété scénographique n’est pas vraiment signifiante. Il m’est arrivé, en effet, deux ou trois fois, de ne pas comprendre immédiatement quel personnage était représenté. La salle ne s’y trompe pas. Aucun rire ne fuse.

Car cette fois-ci, il a le ton juste

Heureusement, après cette première demi-heure assez flasque, tous les personnages prennent une vraie dimension. Ses parents, conventionnels et étriqués, sont très drôles. Ses grands-parents, émouvants et tendres. Le rabbin, extrêmement pittoresque. Barbara et Sylvie Vartan, plus vraies que nature. Sa femme de ménage et le vieux mondain pédant, un régal. Et tous les autres aussi. Tous les autres, et surtout lui-même. Car cette fois-ci, il a le ton juste. La salle ne s’y trompe pas. Les rires et les applaudissements se font entendre. À vous donc de juger !

Isabelle Jouve


les Bijoux de famille, de Laurent Spielvogel

Mise en scène : Jérôme Sanchez

Assistant : Raphaël Jothy

Avec : Laurent Spielvogel

Costumes : Sylvie Blondeau

Crédit photo : © Lucie Page

Producteur : Cie Angel’s Factory

Théâtre Le Brady • 39, boulevard de Strasbourg • 75010 Paris

Métro : Château-d’Eau ou Strasbourg-Saint-Denis

Réservations : 01 47 70 08 86

www.lebrady.fr

Du 21 avril au 25 juin 2015, du mardi au jeudi à 20 heures

Durée : 1 h 10

Tarifs : de 14 € à 22 €

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