Quel punch !
Par Anne Cassou‑Noguès
Les Trois Coups
Les Bad Boys of Dance enchaînent des chorégraphies toutes plus spectaculaires les unes que les autres sur les tubes que l’on entend tous les jours à la radio, sur lesquels on s’est tous déhanchés…
Le plateau du Casino de Paris est vide. Rien ne vient encombrer cet espace tout entier dédié aux corps des danseurs. Six jeunes gens et deux jeunes filles, dont la chorégraphe Andrienne Canterna, éblouissante, s’emparent de la scène grâce à leurs sauts, leurs acrobaties, leurs folles pirouettes. Ils ne cèdent pas à la tentation d’images de synthèse, de projections vidéo ou autres béquilles qui pourraient contribuer au spectaculaire et transporter le public. La lumière seule accompagne la performance. Elle dessine des lignes de force, donne le ton par le jeu des couleurs, tantôt rouge comme la passion, bleue comme les larmes.
L’originalité de ce spectacle est de choisir des chansons que tout le monde connaît, soit parce qu’il est inévitable de les entendre à la radio ou dans les parkings, soit parce qu’ils font partie de notre culture, de notre histoire personnelle, faite de Premiers de l’an et de soirées étudiantes. Ainsi, Alicia Keys côtoie Michaël Jackson et Queen. Or, les danseurs s’emparent de ces musiques pour créer des chorégraphies extrêmement techniques, qui n’ont rien en commun avec ce qu’on peut en faire dans son salon. Ils mêlent danse classique, acrobaties, hip‑hop. L’ensemble révèle un savoir-faire remarquable qui rappelle qu’Adrienne Canterna est issue de l’académie du Kirov. Les danses de groupe sont parfaitement synchronisées, chaque pas est une véritable prouesse.
La légèreté de la danse, la lourdeur du jeu
Nous sommes donc emballés par les Bad Boys of Dance et leurs choix musicaux, qui nous donnent envie de nous lever de nos fauteuils et nous font oublier le poids de la routine quotidienne. En revanche, si les acrobates semblent en apesanteur, leur jeu manque parfois de finesse. En effet, le ballet se déroule selon un principe narratif. Une jeune fille vient séduire l’un des membres d’un groupe de garçons – c’est la première partie – puis ils se rendent tous ensemble à une grande soirée dans laquelle chacun essaie de montrer le meilleur de lui-même – c’est la seconde partie. Il y a donc une relation de séduction, de rivalité, de jalousie qui se construit entre les différents personnages. Cela donne lieu à des échanges de regards langoureux, des poses lascives et des coups de menton qui manquent souvent cruellement de second degré.
Rock the Ballet est un beau moment de danse, d’un dynamisme réjouissant, interprété par des artistes à la technique irréprochable, ni plus ni moins. ¶
Anne Cassou‑Noguès
Rock the Ballet, de Rasta Thomas et Adrienne Canterna
http://www.rock-the-ballet.fr/
Mise en scène et chorégraphie : Adrienne Canterna
Conception : Rasta Thomas et Adrienne Canterna
Avec (en alternance) : Adrienne Canterna, Grace Buckley, Kaitlynn Edgar, Kan Corrigan, Tyler Stewart, Kyle Lucia, Lee Gumbs, Robbie Nicholson, Henry Rivera, Anthony Gabriel, Jourdan Epstein, Ryan Redmond, Adam Moss, Patrick Daniel, Jace Ziemantz, Kevin Tate, Lloyd Boyd
Lumières : Ashley Day et Lutin Tanner
Photos : © Oliver Fantitsch
Casino de Paris • 16, rue de Clichy • 75009 Paris
Réservations : 0 892 69 89 26
Site du théâtre : www.casinodeparis.fr
Lundi 6 mars et mardi 7 mars 2017 à 20 heures puis en tournée
Durée : 2 heures
Tarifs : de 20 € à 67 €