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« Marion fait maison » et « Gars », de Marie‑Ève Perron, Théâtre du Peuple ‑ Maurice‑Pottecher à Bussang

Marion fait maison © Jacque Dutil

Marie‑Ève Perron : quel style, tabarnak !

Par Cédric Enjalbert
Les Trois Coups

Sous un air de festival, le Théâtre du Peuple programme cette année cinq spectacles. Commande a été passée à Carole Fréchette pour le spectacle de l’après-midi dans la grande salle, tandis que dans la petite salle nouvellement créée, ça déménage avec Marie‑Ève Perron et ses deux one-woman-show.

Si Carole Frechette a fait des conversations mal engagées le ressort de sa pièce, présentée l’après-midi dans la grande salle, il en est une à Bussang qui cette année a en revanche la langue bien pendue, c’est Marion. La Marion de Marion fait maison, interprété et écrit par l’ébouriffante Marie‑Ève Perron, comédienne habituée des créations de Wajdi Mouawad. Marion fait maison occupe la petite salle du Théâtre du Peuple, récemment aménagée. Une centaine de places, rapidement vendues, pour toutes les dates. Pas étonnant : Marie-Ève envoie du bois.

Et qui est donc Marion ? C’est le dindon de la farce sociale, celui qui un beau soir de réveillon, alors qu’il a convié toute la belle famille dans son deux pièces de centre-ville, se trouve pris au piège d’une télé-réalité importune venue sonner à sa porte et bousculer son foyer alors que ça trinquait sec du « tchin-tchin de bonheur » en avalant des petites bouchées. Une présentatrice qui hurle et un présentateur aux dents trop blanches débarquent pour lui dire sa chance : elle est la gagnante de la Métamorphose de l’année. Sauf que Marion s’en tape, s’en cogne, s’en tamponne.

Moquant allègrement une société hantée par le culte de la performance, gavée par des modèles de beauté sous blister, une bienséance dictée par un prime time revendant les produits dérivés de son industrie de la joie, Marie‑Ève Perron compose sur une scène miniature une galerie de personnages bouffons croqués avec une plume gaillarde. Une plume trempée comme on dit de la lame : qui ne désarme jamais. Car Marie‑Éve Perron a écrit un second spectacle avec la même verve, qui se prolonge du stylo jusque dans ses membres. Ce second spectacle s’intitule Gars.

Dans ce nouveau monologue, Marie‑Éve Perron suit les fils d’une relation détricotée, ce fil d’Ariane qui mène au cœur du labyrinthe amoureux, où plus rien n’est sûr. Maîtrisant l’art de la condensation qui ramasse en quelques mots un monde, du détail qui n’en est pas un, elle construit progressivement un kaléidoscope de sensations et d’images. S’y reflète le monde intérieur de « la Fille » (l’ex du « gars »), des visions oniriques portées par une mise en scène à ressorts, sans un temps mort. La narration moins suivie que dans Marion fait maison se traduit par des circonvolutions. Elles rendent la courte pièce sinueuse mais n’ôtent rien à la qualité de jeu et de style de Marie‑Éve Perron, qui décidément n’en manque pas. 

Cédric Enjalbert


Marion fait maison et Gars, de Marie-Ève Perron

Texte, mise en scène et interprétation : Marie-Ève Perron

Photo : © Jacque Dutil

Théâtre du Peuple – Maurice-Pottecher • 40, rue du Théâtre • B.P. 03 • 88540 Bussang

www.theatredupeuple.com

Réservations : 03 29 61 62 47

Du 18 juillet au 23 août 2014 à 18 h 30

Durée : 1 heure

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