« Le Paradoxe de Georges », de et avec Yann Frisch, Théâtre du Rond Point, Paris

De la grande illusion !

Par Bénédicte Fantin
Les Trois Coups

Dans le cocon intimiste d’un camion-théâtre spécialement construit pour l’occasion et temporairement installé dans les jardins du Rond-Point, Yann Frisch nous offre une heure de « cartomagie » ponctuée de réflexions philosophiques et de digressions comiques sur notre rapport à la magie. Un pur moment d’émerveillement hors du temps !

Sacré champion de monde de magie, Yann Frisch est un des chefs de file de la magie nouvelle, un art mis à l’honneur au Rond-Point dans le cadre d’un festival dédié qui prendra fin le 31 mai. Le jeune prodige avait déjà marqué les esprits dans ce même théâtre avec le magnifique Nous rêveurs définitifs, où ses numéros déjantés se mêlaient à ceux de ses acolytes Éric Antoine, Ingrid Estarque, Étienne Saglio, Calista Sinclair, Madeleine Cazenave et Matthieu Saglio. On pouvait y voir la créativité de ce mouvement qui entend renouveler les codes de la magie traditionnelle en faisant appel à une multitude de disciplines (danse, cirque, théâtre, marionnettes, arts numériques, littérature, etc.), mais aussi à une bonne dose d’humour et de poésie.

« Le Paradoxe de Georges », de et avec Yann Frisch © Giovanni Cittadini Cesi

Cette fois, seul en scène, Yann Frisch laisse libre cours à son humour décalé, si bien que le Paradoxe de Georges prend parfois des allures de one man show. Malgré l’aspect décousu du discours et son apparente nonchalance, le trublion en costume défraîchi déroule le fil invisible de son spectacle d’une main de maître. Les numéros s’enchaînent au gré des interventions des spectateurs parfois invités à monter sur scène. Yann Frisch prend un réel plaisir à jouer avec le public, car comme il le rappelle en début de spectacle, sans nous, il n’y a pas de magie.

Un laboratoire de magie sur mesure

Il faut dire que le public est comme conditionné à l’émerveillement dans ce laboratoire de magie au look rétro, baigné d’une lumière tamisée, sur fond de musiques jazz jouées au gramophone. Comme indiqué dans le cahier des charges en vue de la construction du camion-théâtre, l’inclinaison de la pente du gradin et le positionnement des sièges les uns par rapport aux autres ont été étudiés de manière à ce que chacun des spectateurs ait un point de vue idéal sur les différentes propositions artistiques, que ce soit du close up ou une magie plus scénique. Résultat : on est aux premières loges… et pourtant on ne voit rien des éventuels « trucs » ! Heureusement, les parenthèses didactiques sur l’histoire et la philosophie de la magie, en plus d’être passionnantes, nous laissent le temps de digérer les tours d’une virtuosité invraisemblable.

Spectacle de magie oblige, on ne peut trop en dévoiler ici. Les réactions des spectateurs au sortir du camion parlent d’elles-mêmes. Chancelants, émerveillés ou agacés, tous sont renvoyés à une certaine humilité. Il faut parfois admettre ne rien comprendre… 

Bénédicte Fantin


Le Paradoxe de Georges, de et avec Yann Frisch

Dans le cadre du Festival de magie nouvelle au Rond-Point

Conception du camion : Matthieu Bony, Éric Noël, Silvain Ohl

Coordination de la construction : Éric Noël

Construction : Lionel Azambre, Hervé Baret, Matthieu Bony, Guilhem Boubbée de Gramont, Victor Chesneau, Coline Harang, Mathieu Miorin, Éric Noël, Silvain Ohl, Mickael Pearson, Anne Ripoche, Jérémy Sanfourche

Peinture : Christophe Balay, Cédric Bédel, Bénédicte Menut, Peggy Wisser

Accessoires : Étienne Charles, Régis Friaud, Mathias Lejosne, Rital, Alain Verdier

Régie générale : Étienne Charles

Régie lumière et son : Mathias Lejosne

Partenaires magiques : Père Alex, Arthur Chavaudret, Dani Daortiz, Monsieur Hamery, Pierre-Marie Lazaroo, Raphaël Navarro

Intervenants artistiques : Sébastien Barrier, Arthur Lochmann, Valentine Losseau

Lumières : Elsa Revol

Costumes : Monika Schwarzl

Tapisseries : Sohuta, Noémie Le Tily

Production, coordination de création, diffusion et administration : Sidonie Pigeon

Durée : 1 heure

Photo : © Giovanni Cittadini Cesi

Théâtre du Rond‑Point • 2 bis, avenue Franklin D.Roosevelt • 75008 Paris

Réservations : 01 44 95 98 21

De 25 € à 31 €

Du 2 au 30 mai 2018, du mardi au samedi à 21 heures, dimanche à 17 heures, représentations supplémentaires les vendredis et samedis à 18 h 30 puis tournée


À découvrir sur Les Trois Coups

Le Syndrome de Cassandre de Yann Frisch, par Elise Ternat

Oktobre, de Florent Bergal, Eva Ordonez Benedetto, Yann Frisch, Jonathan Frau, par Laura Plas

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