Les Francophonies, des écritures à la scène, reportage, Limoges

Cinquième saison

Laura Plas
Les Trois Coups

Accompagnement des auteurices, veilles artistiques, récoltes et partages, travail sur le territoire : « Les Francophonies des écritures à la scène », c’est un voyage au long cours, ici et ailleurs. Destinations inconnues à découvrir dans ce reportage, à l’occasion de cette cinquième saison sous la direction d’Hassane Kouyaté.

Peut-être connaissez-vous les Zébrures d’automne ? Longtemps, ce moment fort de la création fut nommé « les francos » par les habitués. On y voit aujourd’hui encore à l’automne des spectacles des quatre coins du monde. Sans doute êtes-vous moins familiers des Zébrures de printemps ?

Ces Zébrures-là sont consacrées à la lecture d’auteurices, aux écritures. C’est pourquoi depuis plusieurs années, déjà, les Francos sont devenues « Les Francophonies, des écritures à la scène ». Entre printemps et l’automne, il y aura eu en effet le temps de la maturation des projets. Comme la graine semée finit par éclore, les écritures se seront métamorphosées. Portés par la mise en voix des équipes artistiques du printemps, les premiers jets auront été biffés, rectifiés, récrits pour donner lieu à des spectacles.

Laboratoire « Terminer un texte » © Sandrine Ghys

C’est un long chemin de patience et de création qui demande parfois plus d’une saison (voir une année de création théâtrale francophone). C’est un chemin périlleux où l’on est accompagné grâce aux équipes, non sans surprise. Savez-vous par exemple que la francophonie sera dans les années à venir celle des… pays dit de l’Est, ou encore celle de l’Amérique Latine ?

Comme le rappelle le directeur de la structure, Hassane Kouyaté, il est autant de francophonies que d’histoires tissées entre un territoire et une langue française. La francophonie du Sénégal n’est ainsi pas celle de Côte d’Ivoire. L’histoire se mêle à la géographie et engendre des langues et des créations multiples. De fait, Hassane Kassi Kouyaté parcourt la planète pour dénicher toutes ces boutures car, dit-il, « il faut aller voir le monde, pour entendre le monde autrement ».

« Arpentage » avec le Secours Populaire © DR

Mais le monde arrive aussi à Limoges sur les ailes des courriels. Il fait mentir le proverbe car, ici, les écrits volent. Ils ont été repérés par les équipes de la Maison des auteurices. Ils arrivent au berceau parfois. Marraines, Corinne Loisel et Sandrine Ghys y veillent grâce, par exemple, aux programmes « Découverte » ou « Terminer un texte ». Les clés de la bibliothèque de la Maison leur sont données, ainsi que celle des trésors de la Bibliothèque multimédia francophone. Elles sont aussi guidées par des auteurices aguerries. Logé.es, choyé.es, conseillé.es, certain.es peuvent voir ainsi grandir leurs œuvres.

Et peut-être, comme dans un conte, seront-ils un jour les lauréat.es de l’un des prestigieux prix auxquels contribuent Les Francophonies des écritures à la scène : le Prix RFI-Théâtre, le Prix SACD de la dramaturgie francophone, le Prix Sony Labou Tansi des lycéens, le Prix Etc-Caraïbes du texte francophone. Grâce à ces récompenses, les auteurices ouvrent de nouvelles portes, ont droit à une nouvelle résidence. Les textes peuvent être édités, lus, joués de par le monde.

Véronique Kanor en résidence partagée avec La Métive – résidence internationale d’artistes et de chercheurs en Creuse, avec le soutien du CNL © Benny RC Suvelor ; Bibiche Tankama N’Sel, dite Bibatanko, en résidence dans le cadre du parcours « Terminer un texte », en partenariat avec l’Institut Français ; Marilou Leblanc en résidence, dans le cadre du parcours « Terminer un texte », en partenariat avec le CEAD – Centre des auteurs dramatiques

Mais le mouvement de la spirale va autant de l’intérieur vers l’extérieur que dans le sens contraire. Les artistes irriguent le territoire de leur créativité et se nourrissent d’échanges orchestrés en particulier par Mélodie Cholmé. Le monde résonne par là à leurs oreilles, tout près.

C’est celui, par exemple, des prisons, des écoles, des EPADH, d’associations comme le Secours Populaire, de la PJJ. Par ailleurs, des compagnies engagées sur le territoire, comme La Présidente a eu 19, enrichit encore le dialogue entre l’écriture et la vie, ceux qui vivent de leur art et ceux qui en sont coupés. Un vaste programme aussi dense, varié et complexe que n’est le monde aujourd’hui. Un autre continent à découvrir.

Laura Plas