« Un Indien sur la piste »
Par Laura Plas
Les Trois Coups
Plongeant en enfance (celle du cirque et la sienne), Sébastien Wojdan nous éclabousse d’effroi et de joie. Petits et grands sortent éprouvés et ravis de son « Marathon ».
L’association Les Galapiats regroupe toute une famille de créateurs aux talents et aux spectacles multiples. On avait découvert une tripotée d’enfants terribles dans le génial Risque Zéro, adoré les talentueuses jeunes femmes de Mad in Finland, et dimanche, on a dégusté un solo de cirque : Marathon de Sébastien Wojdan.
Un interprète pour nous tenir en haleine plus d’une heure ! Difficile. C’est le pari que relève pourtant l’artiste avec brio. Développant l’analogie avec le marathonien, il ne compte, en effet, pas son énergie. Il court, disparaît, revient métamorphosé. On songe à un animal fou en cage, à un Apache perdu dans la ville, à une sorte de Raging Bull de la piste. Il est lanceur de couteau, archer, ou funambule. En véritable homme-cirque, il donne, en définitive, l’impression que la piste est envahie par une tribu de galopins sauvages qui auraient tous son visage.
L’amour du risque
Marathon nous apparaît comme une grande ode à l’enfance. C’est d’abord celle du cirque qui est exaltée. Le circassien multiplie, en effet, les numéros, il exhibe l’exploit comme l’échec. Il cultive, en outre, le goût du frisson. Chaque spectateur peut ainsi se reconnaître dans la petite fille qui cache ses yeux en s’écriant face au danger « je déteste ça », mais entrouvre les doigts pour découvrir avec délice la suite du spectacle. D’ailleurs, à l’inverse du marathonien, Sébastien Wojdan ne cesse d’établir des contacts avec le public. Il joue à lui faire peur, il lui demande aide et réactions. Et ça marche du tonnerre !
Ensuite, grâce, notamment, à ses jouets géants sur roulettes ou ses déguisements, il convoque tout un univers enfantin. Sa jeunesse bouillante et exaltée impose un rythme effréné au spectacle. On ne sait jamais où donner de l’œil, où attendre le danger. L’enfance brille de mille feux. On pourrait dire qu’elle éclate en fait, comme dans la chanson de Brel qui forme une sorte d’apogée poignante du spectacle.
À coup sûr, « il ne faut pas laisser les couteaux à la portée des enfants », mais on peut les amener sans danger frémir de plaisir et d’effroi devant Marathon. Peut-être retrouvera-t-on l’enfance qui nous attendait blottie au fond de soi. ¶
Laura Plas
Marathon, de Sébastien Wojdan
Mise en piste : Sébastien Wojdan et Gilles Cailleau
Avec : Sébastien Wojdan
Durée : 1 h 15
À partir de 6 ans
Photo : © Sébastien Armengol
Espace chapiteau du Théâtre Monfort• Parc Georges Brassens, 106, rue Brancion • 75015 Paris
Dans le cadre du festival (Des)Illusions
Du 9 au 18 mars 2018, les vendredi 9 et 16 mars à 21 heures, les samedis 10 et 17 mars à 20 heures, et les dimanches 11 et 18 mars à 17 heures
De 8 € à 18 €
Réservations : 01 56 08 33 88
À découvrir sur Les Trois Coups :
☛ Risque Zéro, Village de cirque, à Paris, par Claire Néel
☛ Made in Finland, Théâtre antique d’Alba-la-Romaine, par Michel Dieuaide
☛ Festival Des(Illusions), Théâtre Monfort, à Paris, annonce par Léna Martinelli