« Phénix » cie Käfig, Théâtre de l’Oulle, Festival Off Avignon 2023

Phenix-Mourad-Merzouki © Julie-Sherki

Phénix : faire danser le feu

Par Laura Plas
Les Trois Coups

Exploration des étincelles que produit la rencontre entre la danse et la musique baroque, « Phénix », de Mourad Merzouki propose un riche métissage et, en dépit d’une distribution un peu inégale, embrase le public.

C’est l’histoire d’une rencontre inattendue entre musique et danse où la première ne serait plus reléguée dans l’ombre. C’est l’histoire d’une rencontre rendue spectaculaire par des lumières, tantôt rougeoyantes comme le feu, tantôt mordorées comme le soleil. C’est l’histoire encore d’une rencontre métisse orchestrée par un chorégraphe cosmopolitique et curieux de l’autre : Mourad Merzouki. C’est une création pour une gambiste et quatre danseurs. J’ai nommé Phénix.

Venu du hip hop, Mourad Merzouki n’a cessé de faire exploser les genres. Il mêle ici rythmes contemporains et musique baroque. Et ça fonctionne. Il dépasse par ailleurs le conflit qui justement au XVIIème siècle opposait les deux arts : qu’on pense à la fameuse querelle du début du Bourgeois Gentilhomme de Molière entre le maître de musique et le maître de danse !

Le chorégraphe met en effet une joueuse de viole de gambe au centre de sa chorégraphie. Touche rouge dans une composition aux tons plus atones, rehaussée par une plateforme de bois que déplacent des danseurs métamorphosés en petites mains, elle attire notre regard. Elle donne une qualité musicale certaine à la pièce.

Mélusine et ses oiseaux

Surtout, les interprètes se meuvent en fonction des accords pincés par la musicienne, sorte de magicienne qui pourrait guider les corps. En outre, l’espace est chorégraphié en fonction de ce pouvoir magnétique : tantôt les danseurs s’opposent, cherchent à s’émanciper, tantôt ils gravitent autour de la musicienne comme des oiseaux autour du feu régénérateur.

Certes l’interprétation est inégale, les danseuses étant plus précises que leurs partenaires, même si le chorégraphe leur ménage à tous d’intéressants duos et soli. Certes, il y a au début de la représentation quelques moments moins aboutis, mais la chorégraphie ne cesse de monter en puissance jusqu’à un embrasement qui gagne le public. 🔴

Laura Plas


Phénix, de la cie Käfig

Site de la compagnie
Chorégraphie : Mourad Merzouki
Avec : Mathilde Devoghel, Aymen Fikri, Pauline Journé, Hatim Laamarti
Viole de gambe (en alternance) : Garance Boizot, Lucile Boulanger, Salomé Gasselin
Assistant à la mise en scène : Kader Belmoktar
Musiques additionnelles : Arandel
Création lumière : Yoann Tivoli
Durée : 1 heure
Dès 7 ans

La Factory – Théâtre de l’Oulle • 19, place Crillon • 84000 Avignon
Du 7 au 29 juillet 2023 (sauf les 10, 17 et 24 juillet) à 20 h 10
De 12 € à 23 €
Réservations : 09 74 74 64 90 ou en ligne

Dans le cadre du Festival Off Avignon, du 7 au 29 juillet 202
Plus d’infos ici

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