« Le Jardin des délices », Philippe Quesne, Carrière de Boulbon, festival Avignon 2023

Le-Jardin-des-délices-Philippe-Quesne © Martin Argyoglo

Philippe Quesne fête les vingt ans de sa compagnie Vivarium studio dans le plus exquis des théâtres naturels du Festival : la carrière mythique de Boulbon enfin rouverte ! Il s’inspire du tableau de Bosch pour dessiner son propre « Jardin des délices », et sa création, poétique et humoristique, truffée de références, nous emporte. Le spectacle rappelle beaucoup « La mélancolie des dragons ».

« Les douze heures des auteurs », Artcena, Maison Jean Vilar, Festival Avignon 2023

Autoportraits d'auteurs-Artcena

La 3e édition de l’événement « Les Douze Heures des auteurs » – consacré à la promotion des écritures dramatiques d’aujourd’hui – est foisonnante. De midi à minuit, Artcena, le Festival d’Avignon, la Maison Jean Vilar, France Culture et leurs partenaires proposent en accès libre un florilège de lectures diverses, conférences, rencontres, ateliers d’écriture et autres surprises. La journée, si dense, si riche, oblige à opérer des choix, à regret ! Voici quelques moments marquants de notre déambulation curieuse au cœur imaginaires des auteurs disséminés dans les espaces de la Maison Jean Vilar

« Extinction », Julien Gosselin, Cour Lycée Saint-Joseph, festival Avignon 2023

Extinction-Gosselin © DR

Quel plaisir de retrouver enfin Julien Gosselin au Festival (après « 2666 » en 2016 et « Joueurs, Mao II, Les Noms » en 2018), dans un nouveau spectacle démesuré et novateur ! Il poursuit son exploration des auteurs du passé et d’un monde disparu, que l’art théâtral peut seul ressusciter. Après le russe Andréïev, les romantiques allemands, il porte à la scène les œuvres autrichiennes de Bernhard, Schnitzler et Hofmannsthal, en associant sa compagnie aux acteurs du fameux théâtre berlinois, la Volksbühne. « Extinction », hybride, enragé, maîtrisé, nous enflamme.

« Welfare », Frederick Wiseman, Julie Deliquet, Palais des papes, festival Avignon 2023

Julie Deliquet ouvre la 77e édition du Festival avec « Welfare », une adaptation du documentaire de Frederick Wiseman filmé en 1973 à New-York. La Cour, immense et chargée d’histoire(s), se trouve métamorphosée en centre d’aide sociale d’urgence. Des marginaux en détresse s’y meuvent, demandent de l’aide pour trouver leur place. Un sujet brûlant, émouvant, actuel. Alors pourquoi la proposition dramaturgique ne nous touche-t-elle pas davantage ?

Festival Avignon 2023, programmation

Tiago-Rodrigues © Christophe Raynaud de Lage

Le nouveau directeur du festival présente une programmation foisonnante, à son image, alliant exigence, surprise et volonté sincère de démocratisation. Cette 77e édition veut s’appuyer sur la mémoire et le passé pour créer un tremplin inattendu vers l’avenir. Elle marie le local et l’international, cible la jeunesse et s’engage finement dans les thèmes comme les violences faites aux femmes et l’écologie. Plus largement, le fil rouge de cette édition est l’hypersensibilité des artistes à l’égard de la vulnérabilité humaine, individuelle ou collective. Une problématique complexe, humble mais porteuse, nécessaire.

« Le côté de Guermantes », Marcel Proust, Comédie-Française, Paris

Le-côté-de-Guermantes

« Le côté de Guermantes » de Christophe Honoré, conçu au théâtre Marigny en 2020, dont les représentations ont été interrompues par le deuxième confinement d’octobre, est actuellement repris salle Richelieu. L’attente aura été longue. On aura pu patienter en regardant le film Guermantes dans lequel la troupe du Français répète dans les décors, désœuvrée par la pandémie et ses conséquences. Nous retrouvons enfin Marcel, Françoise, le clan des Guermantes, Swann, ressuscités par la magie du plateau. Évocations aussi « tournoyantes et confuses » que celles aperçues par le narrateur enfant, pas tout à fait éveillé, sur les murs de sa chambre. Le metteur en scène et ses acolytes brillants les font vivre avec une délicatesse réjouissante, mêlant savamment nostalgie et satire.

Reprise « Double murder », Hofesh Shechter, Théâtre National de Bretagne, Rennes

Double-murder-Hofesh-Shechter

Après « Grand Finale » en 2018, le TNB présente la reprise de « Double murder ». Ce diptyque foisonnant et cohérent de la jeune troupe du chorégraphe israélien comprend une nouvelle version de « Clowns », présentée en miroir avec une seconde pièce, « The Fix ». L’ensemble brosse le portrait d’une humanité sauvage qui rêve de se transcender.

Reprise « Richard III », William Shakespeare, Théâtre des Gémeaux, Sceaux

Après Jean Vilar en 1947, Ariane Mnouchkine en 1982, Christophe Rauck monte à son tour « Richard II », à la demande du comédien Micha Lescot. La création ne manque pas de qualités mais s’apparente à un alliage impur d’univers et de plans de réalités : il manque une direction cohérente (acteurs et mise en scène). Peut-être se dessinera-t-elle davantage au fil des représentations…

« Richard II », Shakespeare, Christophe Rauck, Gymnase Aubanel, festival Avignon

Après Jean Vilar en 1947, Ariane Mnouchkine en 1982, Christophe Rauck monte à son tour « Richard II », à la demande du comédien Micha Lescot. La création ne manque pas de qualités mais s’apparente à un alliage impur d’univers et de plans de réalités : il manque une direction cohérente (acteurs et mise en scène). Peut-être se dessinera-t-elle davantage au fil des représentations…

Entretien avec Chloé Vivarès, « Artemisia Gentileschi », Théâtre Train bleu, Festival Off Avignon

Le spectacle de la dernière création du groupe Vertigo, « Artemisia Gentileschi », offre un écrin à la comédienne Chloé Vivarès qui incarne la peintre baroque. Le procès qui s’ouvre en 1612, quelques mois après le viol de cette artiste de 18 ans par l’un de ses célèbres pairs, Agostino Tassi (lequel travaille pour des papes) brosse le portrait d’une jeune femme d’exception, héritière de l’œuvre de Caravage

« Iphigénie », Tiago Rodrigues, Opéra , festival Avignon

Anne Théron et Tiago Rodrigues (révélé par le théâtre de la Bastille, prochain directeur du festival) partagent une passion commune pour la littérature et le jeu avec les comédiens. Émue par la réécriture d’Iphigénie par le dramaturge portugais, la cinéaste et artiste associée au TNS offre une mise en scène qui valorise la poésie du texte et le point de vue féminin. Si l’on est incontestablement charmée par de nombreuses trouvailles scéniques, on déplore un jeu d’acteur peu dynamique, concentré surtout sur la parole.